Commentadministrer du Smecta à un chien. Le goût de la suspension sucrée n’est pas toujours toléré par les chiens. Pour faire avaler le remède à l’animal, procédez comme suit : De la main droite prenez une seringue sans aiguille, remplir la composition, avec la la main gauche soutient la tête, verser le liquide dans la bouche, sans laisser l’animal recracher le médicament. Il
Comment faire avaler les médicaments à nos furets Pour tout propriétaire de furet, faire avaler un médicament à son furet relève de l’exploit le plus total. Voici quelques conseils pour mieux y arriver, mais hélas il y aura toujours des furets récalcitrants ! Mais nous vaincrons ! Faire avaler un cachet La meilleure technique est de tout réduire en liquide et de donner à la seringue. Mais si vous voulez néanmoins vous risquer à lui faire avaler un comprimé, voici comment procéder. Il est important de suivre les conseils dans l’ordre sinon évidemment, cela ne fonctionnera pas. - Préparez votre friandise à l’avance pour lui donner en récompense après et gardez-la à portée de main Nutrigel, Gimpet… . - Asseyez-vous avec votre furet près d’une table, ainsi vous pourrez poser sur la table le cachet et la friandise et tout avoir à portée de mains. - Prenez le furet par la peau du cou, attendez qu’il baille et mettez-lui rapidement le cachet sur le fond de la langue pas sur le bout sinon il l’éjectera aussitôt et refermez-lui la bouche aussitôt en lui tenant la bouche fermée avec votre main libre. - Il va surement gigoter un peu pour se dégager mais il finira certainement par avaler le cachet. ATTENTION ! il ne faut évidemment pas faire ça avec un gros cachet, il faut un petit cachet sinon il y a un risque qu’il s’étouffe tout de même. - Quand il a dégluti, tenez-le toujours par la peau du cou et mettez-lui sa friandise sur le bord des babines pour lui faire passer le goût les médicaments ont souvent mauvais goût et le récompenser. - Ensuite vous pouvez lâcher la peau du cou mais gardez-le encore un peu sur les genoux car beaucoup de petits malins cachent le cachet dans leur joue pour aller le recracher sous le canapé. Il est donc généralement plus prudent de faire avaler le médicament sous forme liquide. Faire avaler un liquide L’avantage de faire avaler le médicament sous forme liquide, est que nous serons sûrs que le furet a bien avalé la dose requise de produit et qu’il ne s’étouffera pas avec ou n’ira pas le recracher deux minutes plus tard dans une cachette. Pensez donc à demander à votre vétérinaire des seringues sans les aiguilles évidemment neuves au moins une de 4 ou 5ml et une de 1ml et un petit tube qui sert à faire les prélèvements sanguins. Si le médicament est sous déjà forme liquide, c’est déjà plus pratique. S’il ne l’est pas, à vous de le transformer. Pour cela, voici comment procéder - Si vous avez un pilon, servez-vous en pour broyer le cachet. Sinon prenez une petite tasse à café la plus petite que vous ayez et une cuillère à soupe ou une fourchette avec un bout épais et plat pour pouvoir bien écraser. Il faut réduire totalement en poudre le comprimé, il ne faut pas qu’il reste de morceaux. - Ensuite faites tomber délicatement la poudre obtenue dans votre petit tube de prélèvement. - Versez-y ensuite de l’eau légèrement tiède le médicament se mélangera mieux qu’avec de l’eau totalement froide. Quelle quantité d’eau mettre ? • Versez 2ml d’eau 1 n’est généralement pas suffisant pour un cachet entier. • Si vous devez donner un demi-comprimé matin et soir par exemple, versez quand même 2ml dans votre petit tube et vous donnerez donc 1ml matin et 1ml soir. - Refermez bien votre petit tube et agitez-le fortement comme un shaker jusqu’à ce que la poudre et l’eau soit bien mélangés. - Il ne vous reste ensuite qu’à prélever avec votre seringue la dose requise. Comment lui faire prendre le liquide ? - Tenez-le fermement par la peau du cou. - Positionnez l’embout de la seringue devant la bouche du furet mais s’il n’aime pas il ne voudra pas laper tout seul. - Dans ce cas, placer l’embout de la seringue à la commissure de ses lèvres vers les molaires et enfoncez légèrement puis faites passer le liquide doucement en appuyant sur la seringue. Il sera obligé de boire si vous lui donnez à cet endroit et ne pourra pas tourner la tête facilement pour se dégager. Il est néanmoins possible qu’il vous recrache tout à la figure, d’où notre dernière astuce. Cette technique est également valable pour nourrir à la seringue votre furet avec des soupes de convalescence type Oxbow Carnivore Care quand il refuse de s’alimenter seul ou de boire seul. Pour faire passer le mauvais goût des médicaments Ceci vaut pour les médicaments solides comme liquides, car les uns comme les autres, ils sont très souvent vraiment infects de goût, et généralement amer, et l’amertume est la chose que les animaux détestent le plus niveau gustatif ! Espérons qu’un jour les laboratoires pharmaceutiques vétérinaires feront des médicaments appétants, mais il est permis de rêver. En attendant, il faut bien se débrouiller. Il va donc falloir mélanger le médicament à quelque chose de bon et qui couvre le goût amer. Voici quelques substances que vous pouvez mélanger avec les médicaments - Le Renutryl fonctionne très bien car c’est sucré à ne pas donner en aliment de convalescence, justement parce que c’est plein de sucre, mais pour faire passer le goût est tout à fait raisonnable et cela couvre donc très très bien l’amertume. A la vanille ou au caramel, cela marche très bien ne prenez pas celui au chocolat. Cela se trouve en pharmacie et cela ne coûte pas très cher, mais cela ne se conserve pas longtemps alors faites-en des petits glaçons que vous décongèlerez un à un suivant les besoins. A vous de trouver le bon dosage de mélange suivant le goût de votre furet. - Le miel fait évidemment disparaitre l’amertume mais même liquide il est très difficile à mélanger car cela colle. - Le Fortol léger goût sucré donc couvre bien l’amertume - Le Oxbow Carnivore Care ou le Royal Canin Convalescence Support sont très appétants mais attention à ce qu’il n’en soit pas écœuré à cause du mauvais goût du médicament, ce qui serait embêtant ensuite car vous ne pourriez plus les utiliser en aliment de convalescence, donc à préférer pour les médicaments peu forts en goût. Évitez à tout prix les laitages lait, crème fraiche, beurre, chantilly… car les furets ne les digèrent pas bien, et même s’ils adorent en manger, si votre furet souffre de troubles digestifs, cela risque d’empirer la situation même à petite dose. Si vous faites le bon mélange, cela redevient tellement appétant que vous n’aurez plus besoin de le forcer à prendre son médicament et il le manger tout seul comme un grand dans une petite gamelle. Vérifiez néanmoins qu’il n’aille pas le régurgiter quelque part et qu’il ait bien tout mangé. N’hésitez pas à le récompenser avec sa friandise préférée mais quelque chose d’adapté aux furets ! pas de fruits, pas de légumes, pas de laitages ! après la prise du médicament pour qu’il n’en garde pas un mauvais souvenir. Pour les gros récalcitrants, la piqure Parfois certains furets sont tellement difficiles à soigner, qu’on ne peut absolument pas leur faire prendre leurs médicaments par voie orale. Si le médicament écœure vraiment votre furet, s’il se gratte la bouche après la prise, il mousse, tente de se faire vomir et ne se nourrit pas et ne boit pas pendant environ 2h après la prise du médicament, appelez vite votre vétérinaire pour qu’il change le médicament et qu’il en trouve un moins mauvais. Car si vous persistez, votre furet risque de s’écœurer totalement de la nourriture et d’arrêter de s’alimenter ils sont têtus et encore plus quand ils sont malades ! ce qui n’est jamais bon quand un furet est malade car il s’affaiblit très vite et se déshydrate très vite s’il ne mange et ne boit pas. On a déjà vu plusieurs cas de furets qui se laissaient carrément mourir de faim à cause d’un médicament vraiment ignoble de goût et qui, par conséquent, avaient perdu tout appétit à cause de goût qui ne les lâchaient pas. C’est arrivé à ma furette une fois, alors j’ai moi-même goûté un tout petit peu du médicament une micro-goutte sur mon doigt et le produit était tellement infect que je n’ai pas réussi à me faire passer le goût pendant une heure, même après m’être brossé les dents ou avoir bu du soda très sucré. Et elle, elle devait en boire matin et soir ! On a changé le médicament et le lendemain c’était bon, elle remangeait toute seule. Si ça n’est pas possible, s’il n’y a pas d’autre médicament de ce genre par voie orale, il faudra lui faire passer la substance par piqure chez votre vétérinaire. Bon courage et prenez bien soin de vos petits furets chéris. Titounette.
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4manières de faire avaler des comprimés à votre chat. 1. Entraîner votre chat. Certains vétérinaires recommandant d’anticiper le besoin de donner des comprimés à votre chat et de l’habituer à ce geste dès son plus jeune âge. Ainsi, au moment où ce sera vraiment nécessaire de le soigner, vous ne rencontrerez aucun problème.
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28avr. 2016 - Donner un traitement à un animal n'est pas toujours chose aisée. Aussi, les vétérinaires donnent plusieurs méthodes adaptées pour faire prendre des comprimés et des solutions liquides aux chiens et aux chats.
Barbey d'Aurevilly Les diaboliques Première préface aux Diaboliques A qui dédier cela? ... J. B. d'A. Voici sauf modifications ultérieures la Préface de mes Diaboliques. POURQuoi les Diaboliques? Est-ce pour les histoires qui sont ici? Ou pour les femmes de ces histoires? Qui sait? Les Histoires sont vraies. Rien d'inventé. Tout vu. Tout touché du coude ou du doigt. Il y aura certainement des têtes vives, montées par ce titre de Diaboliques, qui ne les trouveront pas aussi diaboliques qu'elles ont l'air de s'en vanter. Elles s'attendaient à des inventions, à des complications, à des recherches, à des raffinements, à tout le tremblement du mélodrame moderne, qui se fourre partout, même dans le roman quelque chose comme les Mémoires du Diable qui n'ont donné à leur auteur qu'une peine du Diable. Mais les Diaboliques ne sont point des diableries, ce sont des diaboliques des histoires réelles de ce temps civilisé et si divin que, quand on s'avise de les écrire, il semble que ce soit le Diable qui ait dicté... Le Diable est comme Dieu. Le manichéisme qui est la souche de toutes les grandes hérésies du Moyen-âge, le manichéisme n'est pas si bête! Malebranche disait que Dieu se reconnaissait à l'emploi DES MOYENS LES PLUS SIMPLES. Le Diable aussi. Quant aux femmes de ces histoires, pourquoi ne seraient-elles pas les diaboliques? N'ont-elles pas assez de diabolisme en leur personne pour mériter ce doux nom-là ?... Diabolique, il n'y en a pas une seule ici qui ne le soit à quelque degré. Il n'y en a pas une seule à qui on puisse dire le mot de "mon ange" sans exagérer. Comme le Diable qui était un ange aussi, mais qui a culbuté, si elles sont des anges encore, c'est la tête en bas, le reste... en haut! Pas une ici qui soit pure, vertueuse, innocente. Monstres même à part, elles présentent un effectif de bons sentiments et de moralité bien peu considérable. Elles pourraient donc s'appeler Diaboliques sans l'avoir volé. On a voulu faire un petit Musée de ces Dames, en attendant qu'on fasse le Musée, encore plus petit, des Dames qui leur font pendant et contraste dans la société, car toutes choses sont doubles. L'Art a deux lobes, comme le cerveau. La Nature ressemble à ces femmes qui ont un oeil bleu et un oeil noir. Voici l'oeil noir, dessiné à l'encre... de la PETITE VERTU. Oh! de la plus petite qu'on ait pu trouver! On donnera peut-être l'oeil bleu, plus tard, si on trouve du bleu assez, pur. Mais y en a-t-il? En ce cas-là , après les DIABOLIQUES viendraient les CELESTES. Fin de 1870. Décembre. J. B. d'A. Préface de la première édition Voici les six premières! Si le public y mord, et les trouve à son goût, on publiera prochainement les six autres; car elles sont douze, comme une douzaine de pêches, - ces pécheresses! Bien entendu qu'avec leur titre de Diaboliques, elles n'ont pas la prétention d'être un livre de prières ou d'Imitation chrétienne... Elles ont pourtant été écrites par un moraliste chrétien, mais qui se pique d'observation vraie, quoique très hardie, et qui croit - c'est sa poétique, à lui - que les peintres puissants peuvent tout peindre et que leur peinture est toujours assez morale quand elle est tragique et qu'elle donne l'horreur des choses qu'elle retrace. Il n'y a d'immoral que les Impassibles et les Ricaneurs. Or, l'auteur de ceci, qui croit au Diable et à ses influences dans le monde, n'en rit pas, et il ne les raconte aux âmes pures que pour les en épouvanter. Quand on aura lu ces Diaboliques, je ne crois pas qu'il y ait personne en disposition de les recommencer en fait, et toute la moralité d'un livre est là ... Cela dit pour l'honneur de la chose, une autre question. Pourquoi l'auteur a-t-il donné à ces petites tragédies de plain-pied ce nom bien sonore - peut-être trop - de Diaboliques?... Est-ce pour les histoires elles-mêmes qui sont ici? ou pour les femmes de ces histoires?... Ces histoires sont malheureusement vraies. Rien n'en a été inventé. On n'en a pas nommé les personnages voilà tout! On les a masqués, et on a démarqué leur linge. "L'alphabet m'appartient", disait Casanova, quand on lui reprochait de ne pas porter son nom. L'alphabet des romanciers, c'est la vie de tous ceux qui eurent des passions et des aventures, et il ne s'agit que de combiner, avec la discrétion d'un art profond, les lettres de cet alphabet-là . D'ailleurs, malgré le vif de ces histoires à précautions nécessaires, il y aura certainement des têtes vives, montées par ce titre de Diaboliques, qui ne les trouveront pas aussi diaboliques qu'elles ont l'air de s'en vanter. Elles s'attendront à des inventions, à des complications, à des recherches, à des raffinements, à tout le tremblement du mélodrame moderne, qui se fourre partout, même dans le roman. Elles se tromperont, ces âmes charmantes!... Les Diaboliques ne sont pas des diableries ce sont des Diaboliques, - des histoires réelles de ce temps de progrès et d'une civilisation si délicieuse et si divine, que, quand on s'avise de les écrire, il semble toujours que ce soit le Diable qui ait dicté!... Le Diable est comme Dieu. Le Manichéisme, qui fut la source des grandes hérésies du Moyen Age, le Manichéisme n'est pas si bête. Malebranche disait que Dieu se reconnaissait, à l'emploi des moyens les plus simples. Le Diable aussi. Quant aux femmes de ces histoires, pourquoi ne seraient-elles pas les DIABOLIQUES? N'ont-elles pas assez de diabolisme en leur personne pour mériter ce doux nom? Diaboliques! il n'y en a pas une seule ici qui ne le soit à quelque degré. Il n'y en a pas une seule à qui on puisse dire sérieusement le mot de "Mon ange!" sans exagérer. Comme le Diable, qui était un ange aussi, mais qui a culbuté, - si elles sont des anges, c'est comme lui, - la tête en bas, le... reste en haut! Pas une ici qui soit pure, vertueuse, innocente. Monstres même à part, elles présentent un effectif de bons sentiments et de moralité bien peu considérable. Elles pourraient donc s'appeler aussi "les Diaboliques", sans l'avoir volé... On a voulu faire un petit musée de ces dames, - en attendant qu'on fasse le musée, encore plus petit, des dames qui leur font pendant et contraste dans la société, car toutes choses sont doubles! L'art a deux lobes, comme le cerveau. La nature ressemble à ces femmes qui ont un oeil bleu et un oeil noir. Voici l'oeil noir dessiné à l'encre - à l'encre de la petite vertu. On donnera peut-être l'oeil bleu plus tard. Après les DIABOLIQUES, les CELESTES... si on trouve du bleu assez pur... Mais y en a-t-il? Jules BARBEY D'AUREVILLY. Paris, 1er mai 1874. Le rideau cramoisi Il y a terriblement d'années, je m'en allais chasser le gibier d'eau dans les marais de l'Ouest, - et comme il n'y avait pas alors de chemins de fer dans le pays où il me fallait voyager, je prenais la diligence de *** qui passait à la patte d'oie du château de Rueil et qui, pour le moment, n'avait dans son coupé qu'une seule personne. Cette personne, très remarquable à tous égards, et que je connaissais pour l'avoir beaucoup rencontrée dans le monde, était un homme que je vous demanderai la permission d'appeler le vicomte de Brassard. Précaution probablement inutile! Les quelques centaines de personnes qui se nomment le monde à Paris sont bien capables de mettre ici son nom véritable... Il était environ cinq heures du soir. Le soleil éclairait de ses feux alentis une route poudreuse, bordée de peupliers et de prairies, sur laquelle nous nous élançâmes au galop de quatre vigoureux chevaux dont nous voyions les croupes musclées se soulever lourdement à chaque coup de fouet du postillon, - du postillon, image de la vie, qui fait toujours trop claquer son fouet au départ! Le vicomte de Brassard était à cet instant de l'existence où l'on ne fait plus guère claquer le sien... Mais c'est un de ces tempéraments dignes d'être Anglais il a été élevé en Angleterre, qui blessés à mort, n'en conviendraient jamais et mourraient en soutenant qu'ils vivent. On a dans le monde, et même dans les livres, l'habitude de se moquer des prétentions à la jeunesse de ceux qui ont dépassé cet âge heureux de l'inexpérience et de la sottise, et on a raison, quand la forme de ces prétentions est ridicule; mais quand elle ne l'est pas, - quand, au contraire, elle est imposante comme la fierté qui ne veut pas déchoir et qui l'inspire, je ne dis pas que cela n'est point insensé, puisque cela est inutile, mais c'est beau comme tant de choses insensées!... Si le sentiment de la Garde qui meurt et ne se rend pas est héroïque à Waterloo, il ne l'est pas moins en face de la vieillesse, qui n'a pas, elle, la poésie des baïonnettes pour nous frapper. Or, pour des têtes construites d'une certaine façon militaire, ne jamais se rendre est, à propos de tout, toujours toute la question, comme à Waterloo! Le vicomte de Brassard, qui ne s'est pas rendu il vit encore, et je dirai comment, plus tard, car il vaut la peine de le savoir, le vicomte de Brassard était donc, à la minute où je montais dans la diligence de ***, ce que le monde, féroce comme une jeune femme, appelle malhonnêtement "un vieux beau". Il est vrai que pour qui ne se paie pas de mots ou de chiffres dans cette question d'âge, où l'on n'a jamais que celui qu'on paraÃt avoir, le vicomte de Brassard pouvait passer pour "un beau" tout court. Du moins, à cette époque, la marquise de V..., qui se connaissait en jeunes gens et qui en aurait tondu une douzaine, comme Dalila tondit Samson, portait avec assez de faste, sur un fond bleu, dans un bracelet très large, en damier, or et noir, un bout de moustache du vicomte que le diable avait encore plus roussie que le temps... Seulement, vieux ou non, ne mettez sous cette expression de "beau", que le monde a faite, rien du frivole; du mince et de l'exigu qu'il y met, car vous n'auriez pas la notion juste de mon vicomte de Brassard, chez qui, esprit, manières, physionomie, tout était large, étoffé, opulent, plein de lenteur patricienne, comme il convenait au plus magnifique dandy que j'aie connu, moi qui, ai vu Brummel devenir fou, et d'Orsay mourir! C'était, en effet, un dandy que le vicomte de Brassard. S'il l'eût été moins, il serait devenu certainement maréchal de France. Il avait été dès sa jeunesse un des plus brillants officiers de la fin du premier Empire. J'ai ouï dire, bien des fois, à ses camarades de régiment, qu'il se distinguait par une bravoure à la Murat, compliquée de Marmont. Avec cela, - et avec une tête très carrée et très froide, quand le tambour ne battait pas, - il aurait pu, en très peu de temps, s'élancer aux premiers rangs de la hiérarchie militaire, mais le dandysme!... Si vous combinez le dandysme avec les qualités qui font l'officier le sentiment de la discipline, la régularité dans le service, etc., etc., vous verrez ce qui restera de l'officier dans la combinaison et s'il ne saute pas comme une poudrière! Pour qu'à vingt instants de sa vie l'officier de Brassard n'eût pas sauté, c'est que, comme tous les dandys, il était heureux. Mazarin l'aurait employé, - ses nièces aussi, mais pour une autre raison il était superbe. Il avait eu cette beauté nécessaire au soldat plus qu'à personne, car il n'y a pas de jeunesse sans la beauté, et l'armée, c'est la jeunesse de la France! Cette beauté, du reste, qui ne séduit pas que les femmes, mais les circonstances elles-mêmes, - ces coquines, - n'avait pas été la seule protection qui se fût étendue sur la tête du capitaine de Brassard. Il était, je crois, de race normande, de la race de Guillaume le Conquérant, et il avait, dit-on, beaucoup conquis... Après l'abdication de l'Empereur, il était naturellement passé aux Bourbons, et, pendant les Cent-Jours, surnaturellement leur était demeuré fidèle. Aussi, quand les Bourbons furent revenus, la seconde fois, le vicomte fut-il armé chevalier de Saint-Louis de la propre main de Charles X alors MONSIEUR. Pendant tout le temps de la Restauration, le beau de Brassard ne montait pas une seule fois la garde aux Tuileries, que la duchesse d'Angoulême ne lui adressât, en passant, quelques mots gracieux. Elle, chez qui le malheur avait tué la grâce, savait en retrouver pour lui. Le ministre, voyant cette faveur, aurait tout fait pour l'avancement de l'homme que Madame distinguait ainsi; mais, avec la meilleure volonté du monde, que faire pour cet enragé dandy qui - un jour de revue - avait mis l'épée à la main, sur le front de bandière de son régiment, contre son inspecteur général, pour une observation de service?... C'était assez que de lui sauver le conseil de guerre. Ce mépris insouciant de la discipline, le vicomte de Brassard l'avait porté partout. Excepté en campagne, où l'officier se retrouvait tout entier, il ne s'était jamais astreint aux obligations militaires. Maintes fois, on l'avait vu, par exemple, au risque de se faire mettre à des arrêts infiniment prolongés, quitter furtivement sa garnison pour aller s'amuser dans une ville voisine et n'y revenir que les jours de parade ou de revue, averti par quelque soldat qui l'aimait, car si ses chefs ne se souciaient pas d'avoir sous leurs ordres un homme dont la nature répugnait à toute espèce de discipline et de routine, ses soldats, en revanche, l'adoraient. Il était excellent pour eux. Il n'en exigeait rien que d'être très braves, très pointilleux et très coquets, réalisant enfin le type de l'ancien soldat français, dont la Permission de dix heures et trois à quatre vieilles chansons, qui sont des chefs-d'oeuvre, nous ont conservé une si exacte et si charmante image. Il les poussait peut-être un peu trop au duel, mais il prétendait que c'était là le meilleur moyen qu'il connût de développer en eux l'esprit militaire. "Je ne suis pas un gouvernement, disait-il, et je n'ai point de décorations à leur donner quand ils se battent bravement entre eux; mais les décorations dont je suis le grand-maÃtre il était fort riche de sa fortune personnelle, ce sont des gants, des buffleteries de rechange, et tout ce qui peut les pomponner, sans que l'ordonnance s'y oppose." Aussi, la compagnie qu'il commandait effaçait-elle, par la beauté de la tenue, toutes les autres compagnies de grenadiers des régiments de la Garde, si brillante déjà . C'est ainsi qu'il exaltait à outrance la personnalité du soldat, toujours prête, en France, à la fatuité et à la coquetterie, ces deux provocations permanentes, l'une par le ton qu'elle prend, l'autre par l'envie qu'elle excite. On comprendra, après cela, que les autres compagnies de son régiment fussent jalouses de la sienne. On se serait battu pour entrer dans celle-là , et battu encore pour n'en pas sortir. Telle avait été, sous la Restauration, la position tout exceptionnelle du, capitaine vicomte de Brassard. Et comme il n'y avait pas alors, tous les matins, comme sous l'Empire, la ressource de l'héroïsme en action qui fait tout pardonner, personne n'aurait certainement pu prévoir ou deviner combien de temps aurait duré cette martingale d'insubordination qui étonnait ses camarades, et qu'il jouait contre ses chefs avec la même audace qu'il aurait joué sa vie s'il fût allé au feu, lorsque la révolution de 1830 leur ôta, s'ils l'avaient, le souci, et à lui, l'imprudent capitaine, l'humiliation d'une destitution qui le menaçait chaque jour davantage. Blessé grièvement aux Trois jours, il avait dédaigné de prendre du service sous la nouvelle dynastie des d'Orléans qu'il méprisait. Quand la révolution de Juillet les fit maÃtres d'un pays qu'ils n'ont pas su garder, elle avait trouvé le capitaine dans son lit, malade d'une blessure qu'il s'était faite au pied en dansant - comme il aurait chargé - au dernier bal de la duchesse de Berry. - Mais au premier roulement de tambour, il ne s'en était pas moins levé pour rejoindre sa compagnie, et comme il ne lui avait pas été possible de mettre des bottes, à cause de sa blessure, il s'en était allé à l'émeute comme il s'en serait allé au bal, en chaussons vernis et en bas de soie, et c'est ainsi qu'il avait pris la tête de ses grenadiers sur la place de la Bastille, chargé qu'il était de balayer dans toute sa longueur le boulevard. Paris, où les barricades n'étaient pas dressées encore, avait un aspect sinistre et redoutable. Il était désert. Le soleil y tombait d'aplomb, comme une première pluie de feu qu'une autre devait suivre, puisque toutes ces fenêtres, masquées de leurs persiennes, allaient, tout à l'heure, cracher la mort... Le capitaine de Brassard rangea ses soldats sur deux lignes, le long et le plus près possible des maisons, de manière que chaque file de soldats ne fût exposée qu'aux coups de fusil qui lui venaient d'en face, - et lui, plus dandy que jamais, prit le milieu de chaussée. Ajusté des deux côtés par des milliers de fusils, de pistolets et de carabines, depuis la Bastille jusqu'à la rue de Richelieu, il n'avait pas été atteint, malgré la largeur d'une poitrine dont il était peut-être un peu trop fier, car le capitaine de Brassard poitrinait au feu, comme une belle femme, au bal, qui veut mettre sa gorge en valeur, quand, arrivé devant Frascati, à l'angle de la rue de Richelieu, et au moment où il commandait à sa troupe de se masser derrière lui pour emporter la première barricade qu'il trouva dressée sur son chemin, il reçut une balle dans sa magnifique poitrine, deux fois provocatrice, et par sa largeur, et par les longs brandebourgs d'argent qui y étincelaient d'une épaule à l'autre, et il eut le bras cassé d'une pierre, - ce qui ne l'empêcha pas d'enlever la barricade et d'aller jusqu'à la Madeleine, à la tête de ses hommes enthousiasmés. Là , deux femmes en calèche, qui fuyaient Paris insurgé, voyant un officier de la Garde blessé, couvert de sang et couché sur les blocs de pierre qui entouraient, à cette époque-là , l'église de la Madeleine à laquelle on travaillait encore, mirent leur voiture à sa disposition, et il se fit mener par elles au Gros-Caillou, où se trouvait alors le maréchal de Raguse, à qui il dit militairement "Maréchal, j'en ai peut-être pour deux heures; mais pendant ces deux heures-là , mettez-moi partout où vous voudrez!" Seulement il se trompait... Il en avait pour plus de deux heures. La balle qui l'avait traversé ne le tua pas. C'est plus de quinze ans après que je l'avais connu, et il prétendait alors, au mépris de la médecine et de son médecin, qui lui avait expressément défendu de boire tout le temps qu'avait duré la fièvre de sa blessure, qu'il ne s'était sauvé d'une mort certaine qu'en buvant du vin de Bordeaux. Et en en buvant, comme il en buvait! car, dandy en tout, il l'était dans sa manière de boire comme dans tout le reste... il buvait comme un Polonais. Il s'était fait faire un splendide verre en cristal de Bohême, qui jaugeait, Dieu me damne! une bouteille de bordeaux tout entière, et il le buvait d'une haleine! Il ajoutait même, après avoir bu, qu'il faisait tout dans ces proportions-là , et c'était vrai! Mais dans un temps où la force, sous toutes les formes, s'en va diminuant, on trouvera peut-être qu'il n'y a pas de quoi être fat. Il l'était à la façon de Bassompierre, et il portait le vin comme lui. Je l'ai vu sabler douze coups de son verre de Bohême, et il n'y paraissait même pas! Je l'ai vu souvent encore, dans ces repas que les gens décents traitent "d'orgies", et jamais il ne dépassait, après les plus brûlantes lampées, cette nuance de griserie qu'il appelait, avec une grâce légèrement soldatesque, "être un peu pompette", en faisant le geste militaire de mettre un pompon à son bonnet. Moi, qui voudrais vous faire bien comprendre le genre d'homme qu'il était, dans l'intérêt de l'histoire qui va suivre, pourquoi ne vous dirai-je pas que je lui ai connu sept maÃtresses, en pied, à la fois, à ce bon braguard du XIXe siècle; comme l'aurait appelé le XVIe en sa langue pittoresque. Il les intitulait poétiquement "les sept cordes de sa lyre", et, certes, je n'approuve pas cette manière musicale et légère de parler de sa propre immoralité! Mais, que voulez-vous? Si le capitaine vicomte de Brassard n'avait pas été tout ce que je viens d'avoir l'honneur de vous dire, mon histoire serait moins piquante, et probablement n'eussé-je pas pensé à vous la conter. Il est certain que je ne m'attendais guère à le trouver là , quand je montai dans la diligence de *** à la patte d'oie du château de Rueil. Il y avait longtemps que nous ne nous étions vus, et j'eus du plaisir à rencontrer; avec la perspective de passer quelques heures ensemble, un homme qui était encore de nos jours, et qui différait déjà tant des hommes de nos jours. Le vicomte de Brassard, qui aurait pu entrer dans l'armure, de François Ier et s'y mouvoir avec autant d'aisance que dans son svelte frac bleu d'officier de la Garde royale, ne ressemblait, ni par la tournure, ni par les proportions, aux plus vantés dés jeunes gens d'à présent. Ce soleil couchant d'une élégance grandiose et si longtemps radieuse, aurait fait paraÃtre bien maigrelets et bien pâlots tous ces petits croissants de la mode, qui se lèvent maintenant à l'horizon! Beau de la beauté de l'empereur Nicolas, qu'il rappelait par le torse, mais moins idéal de visage et moins grec de profil, il portait une courte barbe, restée noire, ainsi que ses cheveux, par un mystère d'organisation ou de toilette... impénétrable, et cette barbe envahissait très haut ses joues, d'un coloris animé et mâle. Sous un front de la plus haute noblesse, - un front bombé, sans aucune ride, blanc comme le bras d'une femme, - et que le bonnet à poil du grenadier, qui fait tomber les cheveux, comme le casque, en le dégarnissant un peu au sommet, avait rendu plus vaste et plus fier, le vicomte de Brassard cachait presque, tant ils étaient enfoncés sous l'arcade sourcilière, deux yeux étincelants, d'un bleu très sombre, mais très brillants dans leur enfoncement et y piquant comme deux saphirs taillés en pointe! Ces yeux-là ne se donnaient pas la peine de scruter, et ils pénétraient. Nous nous prÃmes la main, et nous causâmes. Le capitaine de Brassard parlait lentement, d'une voix vibrante qu'on sentait capable de remplir un Champ-de-Mars de son commandement. Elevé dès son enfance, comme je vous l'ai dit, en Angleterre, il pensait peut-être en anglais; mais cette lenteur, sans embarras du reste, donnait un tour très particulier à ce qu'il disait, et même à sa plaisanterie, car le capitaine aimait la plaisanterie, et il l'aimait même un peu risquée. Il avait ce qu'on appelle le propos vif. Le capitaine de Brassard allait toujours trop loin, disait la comtesse de F..., cette jolie veuve, qui ne porte plus que trois couleurs depuis son veuvage du noir, du violet et du blanc. Il fallait qu'il fût trouvé de très bonne compagnie pour ne pas être souvent trouvé de la mauvaise. Mais quand on en est réellement, vous savez bien qu'on se passe tout, au faubourg Saint-Germain! Un des avantages de la causerie en voiture, c'est qu'elle peut cesser quand on n'a plus rien à se dire, et cela sans embarras pour personne. Dans un salon, on n'a point cette liberté. La politesse vous fait un devoir de parler quand même, et on est souvent puni de cette hypocrisie innocente par le vide et l'ennui de ces conversations où les sots, même nés silencieux il y en a, se travaillent et se détirent pour dire quelque chose et être aimables. En voiture publique, tout le monde est chez soi autant que chez les autres, - et on peut sans inconvenance rentrer dans le silence qui plaÃt et faire succéder à la conversation la rêverie... Malheureusement, les hasards de la vie sont affreusement plats, et jadis car c'est jadis déjà on montait vingt fois en voiture publique, - comme aujourd'hui vingt fois en wagon, - sans rencontrer un causeur animé et intéressant... Le vicomte de Brassard échangea d'abord avec moi quelques idées que les accidents de la route, les détails du paysage et quelques souvenirs du monde où nous nous étions rencontrés autrefois avaient fait naÃtre, - puis, le jour déclinant nous versa son silence dans son crépuscule. La nuit, qui, en automne, semble tomber à pic du ciel, tant elle vient vite! nous saisit de sa fraÃcheur, et nous nous roulâmes dans nos manteaux, cherchant de la tempe le dur coin qui est l'oreiller de ceux qui voyagent. Je ne sais si mon compagnon s'endormit dans son angle de coupé; mais moi, je restai éveillé dans le mien. J'étais si blasé sur la route que nous faisions là et que j'avais tant de fois faite, que je prenais à peine garde aux objets extérieurs, qui disparaissaient dans le mouvement de la voiture, et qui semblaient courir dans la nuit, en sens opposé à celui dans lequel nous courions. Nous traversâmes plusieurs petites villes, semées, çà et là , sur cette longue route que les postillons appelaient encore un fier "ruban de queue", en souvenir de la leur, pourtant coupée depuis longtemps. La nuit devint noire comme un four éteint, - et, dans cette obscurité, ces villes inconnues par lesquelles nous passions avaient d'étranges physionomies et donnaient l'illusion que nous étions au bout du monde... Ces sortes de sensations que je note ici, comme le souvenir des impressions dernières d'un état de choses disparu, n'existent plus et ne reviendront jamais pour personne. A présent, les chemins de fer, avec leurs gares à l'entrée des villes, ne permettent plus au voyageur d'embrasser, en un rapide coup d'oeil, le panorama fuyant de leurs rues, au galop des chevaux d'une diligence qui va, tout à l'heure, relayer pour repartir. Dans la plupart de ces petites villes que nous traversâmes, les réverbères, ce luxe tardif, étaient rares, et on y voyait certainement bien moins que sur les routes que nous venions de quitter. Là , du moins, le ciel avait sa largeur, et la grandeur de l'espace faisait une vague lumière, tandis qu'ici le rapprochement des maisons qui semblaient se baiser, leurs ombres portées dans ces rues étroites, le peu de ciel et d'étoiles qu'on apercevait entre les deux rangées des toits, tout ajoutait au mystère de ces villes endormies, où le seul homme qu'on rencontrât était - à la porte de quelque auberge - un garçon d'écurie avec sa lanterne, qui amenait les chevaux de relais, et qui bouclait les ardillons de leur attelage, en sifflant ou en jurant contre ses chevaux récalcitrants ou trop vifs... Hors cela et l'éternelle interpellation, toujours la même, de quelque voyageur, ahuri de sommeil, qui baissait une glace et criait dans la nuit, rendue plus sonore à force de silence "Où sommes-nous donc, postillon?..." rien de vivant ne s'entendait et ne se voyait autour et dans cette voiture pleine de gens qui dormaient, en cette ville endormie, où peut-être quelque rêveur, comme moi, cherchait, à travers la vitre de son compartiment, à discerner la façade des maisons estompée par la nuit, ou suspendait son regard et sa pensée à quelque fenêtre éclairée encore à cette heure avancée, en ces petites villes aux moeurs réglées et simples, pour qui la nuit était faite surtout pour dormir. La veille d'un être humain, - ne fût-ce qu'une sentinelle, - quand tous les autres êtres sont plongés dans cet assoupissement qui est l'assoupissement de l'animalité fatiguée, a toujours quelque chose d'imposant. Mais l'ignorance de ce qui fait veiller derrière une fenêtre aux rideaux baissés, où la lumière indique la vie et la pensée, ajoute la poésie du rêve à la poésie de la réalité. Du moins, pour moi, je n'ai jamais pu voir une fenêtre, - éclairée la nuit, - dans une ville couchée, par laquelle je passais, - sans accrocher à ce cadre de lumière un monde de pensées, - sans imaginer derrière ces rideaux des intimités et des drames... Et maintenant, oui, au bout de tant d'années, j'ai encore dans la tête de ces fenêtres qui y sont restées éternellement et mélancoliquement lumineuses, et qui me font dire souvent, lorsqu'en y pensant, je les revois dans mes songeries "Qu'y avait-il donc derrière ces rideaux?" Eh bien! une de celles qui me sont restées le plus dans la mémoire mais tout à l'heure vous en comprendrez la raison est une fenêtre d'une des rues de la ville de ***, par laquelle nous passions cette nuit-là . C'était à trois maisons - vous voyez si mon souvenir est précis - au-dessus de l'hôtel devant lequel nous relayions; mais cette fenêtre, j'eus le loisir de la considérer plus de temps que le temps d'un simple relais. Un accident venait d'arriver à une des roues de notre voiture, et on avait envoyé chercher le charron qu'il fallut réveiller. Or, réveiller un charron, dans une ville de province endormie, et le faire lever pour resserrer un écrou à une diligence qui n'avait pas de concurrence sur cette ligne-là , n'était pas une petite affaire de quelques minutes... Que si le charron était aussi endormi dans son lit qu'on l'était dans notre voiture, il ne devait pas être facile de le réveiller... De mon coupé, j'entendais à travers la cloison les ronflements des voyageurs de l'intérieur, et pas un des voyageurs de l'impériale, qui, comme on le sait, ont la manie de toujours descendre dès que la diligence arrête, probablement car la vanité se fourre partout en France, même sur l'impériale des voitures pour montrer leur adresse à remonter, n'était descendu... Il est vrai que l'hôtel devant lequel nous nous étions arrêtés était fermé. On n'y soupait point. On avait soupé au relais précédent. L'hôtel sommeillait, comme nous. Rien n'y trahissait la vie. Nul bruit n'en troublait le profond silence... si ce n'est le coup de balai, monotone et lassé, de quelqu'un homme ou femme... on ne savait; il faisait trop nuit pour bien s'en rendre compte qui balayait alors la grande cour de cet hôtel muet, dont la porte cochère restait habituellement ouverte. Ce coup de balai traÃnard, sur le pavé, avait aussi l'air de dormir, ou du moins d'en avoir diablement envie! La façade de l'hôtel était noire comme les autres maisons de la rue où il n'y avait de lumière qu'à une seule fenêtre... cette fenêtre que précisément j'ai emportée dans ma mémoire et que j'ai là , toujours, sous le front!... La maison, dans laquelle on ne pouvait pas dire que cette lumière brillait, car elle était tamisée par un double rideau cramoisi dont elle traversait mystérieusement l'épaisseur, était une grande maison qui n'avait qu'un étage, - mais placé très haut... - C'est singulier! - fit le comte de Brassard, comme s'il se parlait à lui-même, on dirait que c'est toujours le même rideau! Je me retournai vers lui, comme si j'avais pu le voir dans notre obscur compartiment de voiture; mais la lampe, placée sous le siège du cocher, et qui est destinée à éclairer les chevaux et la route, venait justement de s'éteindre... Je croyais qu'il dormait, et il ne dormait pas, et il était frappé comme moi de l'air qu'avait cette fenêtre; mais, plus avancé que moi, il savait, lui, pourquoi il l'était! Or, le ton qu'il mit à dire cela - une chose d'une telle simplicité! - était si peu dans la voix de mondit vicomte de Brassard et m'étonna si fort, que je voulus avoir le coeur net de la curiosité qui me prit tout à coup de voir son visage, et que je fis partir une allumette comme si j'avais voulu allumer mon cigare. L'éclair bleuâtre de l'allumette coupa l'obscurité. Il était pâle, non pas comme un mort... mais comme la Mort elle-même. Pourquoi pâlissait-il?... Cette fenêtre, d'un aspect si particulier, cette réflexion et cette pâleur d'un homme qui pâlissait très peu d'ordinaire, car il était sanguin, et l'émotion, lorsqu'il était ému, devait l'empourprer jusqu'au crâne, le frémissement que je sentis courir dans les muscles de son puissant biceps, touchant alors contre mon bras dans le rapprochement de la voiture, tout cela me produisit l'effet de cacher quelque chose... que moi, le chasseur aux histoires, je pourrais peut-être savoir en m'y prenant bien. - Vous regardiez donc aussi cette fenêtre, capitaine, et même vous la reconnaissiez? - lui dis-je de ce ton détaché qui semble ne pas tenir du tout à la réponse et qui est l'hypocrisie de la curiosité. - Parbleu! si je la reconnais! fit-il de sa voix ordinaire, richement timbrée et qui appuyait sur les mots. Le calme était déjà revenu dans ce dandy, le plus carré et le plus majestueux des dandys, lesquels - vous le savez! - méprisent toute émotion, comme inférieure, et ne croient pas, comme ce niais de Goethe, que l'étonnement puisse jamais être une position honorable pour l'esprit humain. - Je ne passe pas par ici souvent, - continua donc, très tranquillement, le vicomte de Brassard, - et même j'évite d'y passer. Mais il est des choses qu'on n'oublie point. Il n'y en a pas beaucoup, mais il y en a. J'en connais trois le premier uniforme qu'on a mis, la première bataille où l'on a donné, et la première femme qu'on a eue. Eh bien! pour moi, cette fenêtre est la quatrième chose que je ne puisse pas oublier. Il s'arrêta, baissa la glace qu'il avait devant lui... Etait-ce pour mieux voir cette fenêtre dont il me parlait?... Le conducteur était allé chercher le charron et ne revenait pas. Les chevaux de relais, en retard, n'étaient pas encore arrivés de la poste. Ceux qui nous avaient traÃnés, immobiles de fatigue, harassés, non dételés, la tête pendant dans leurs jambes, ne donnaient pas même sur le pavé silencieux le coup de pied de l'impatience, en rêvant de leur écurie. Notre diligence endormie ressemblait à une voiture enchantée, figée par la baguette des fées, à quelque carrefour de clairière, dans la forêt de la Belle-au-Bois dormant. - Le fait est, - dis-je, - que pour un homme d'imagination, cette fenêtre a de la physionomie. - Je ne sais pas ce qu'elle a pour vous, - reprit le vicomte de Brassard, - mais je sais ce qu'elle a pour moi. C'est la fenêtre de la chambre qui a été ma première chambre de garnison. J'ai habité là ... Diable! il y a tout à l'heure trente-cinq ans! derrière ce rideau... qui semble n'avoir pas été changé depuis tant d'années, et que je trouve éclairé, absolument éclairé, comme il l'était quand... Il s'arrêta encore, réprimant sa pensée; mais je tenais à la faire sortir. - Quand vous étudiiez votre tactique, capitaine, dans vos premières veilles de sous-lieutenant? - Vous me faites beaucoup trop d'honneur, répondit-il. J'étais, il est vrai, sous-lieutenant dans ce moment-là , mais les nuits que je passais alors, je ne les passais pas sur ma tactique, et si j'avais ma lampe allumée, à ces heures indues, comme disent les gens rangés, ce n'était pas pour lire le maréchal de Saxe. - Mais, - fis-je, preste comme un coup de raquette, - c'était, peut-être, tout de même, pour l'imiter? Il me renvoya mon volant. - Oh! - dit-il, - ce n'était pas alors que j'imitais le maréchal de Saxe, comme vous l'entendez... Ça n'a été que bien plus tard. Alors, je n'étais qu'un bambin de sous-lieutenant, fort épinglé dans ses uniformes, mais très gauche et très timide avec les femmes, quoiqu'elles n'aient jamais voulu le croire, probablement à cause de ma diable de figure... je n'ai jamais eu avec elles les profits de ma timidité. D'ailleurs, je n'avais que dix-sept ans dans ce beau temps-là . Je sortais de l'Ecole militaire. On en sortait à l'heure où vous y entrez à présent, car si l'Empereur, ce terrible consommateur d'hommes, avait duré, il aurait fini par avoir des soldats de douze ans, comme les sultans d'Asie ont des odalisques de neuf. "S'il se met à parler de l'Empereur et des odalisques, - pensé-je, - je ne saurai rien. - Et pourtant, vicomte, - repartis-je, - je parierais bien que vous n'avez gardé si présent le souvenir de cette fenêtre, qui luit là -haut, que parce qu'il y a eu pour vous une femme derrière son rideau! - Et vous gagneriez votre pari, Monsieur, - fit-il gravement. - Ah! parbleu! - repris-je, - j'en étais bien sûr! Pour un homme comme vous, dans une petite ville de province où vous n'avez peut-être pas passé dix fois depuis votre première garnison, il n'y a qu'un siège que vous y auriez soutenu ou quelque femme que vous y auriez prise, par escalade, qui puisse vous consacrer si vivement la fenêtre d'une maison que vous retrouvez aujourd'hui éclairée d'une certaine manière, dans l'obscurité! - Je n'y ai cependant pas soutenu de siège... du moins militairement, - répondit-il, toujours grave; mais être grave, c'était souvent sa manière de plaisanter, - et, d'un autre côté, quand on se rend si vite la chose peut-elle s'appeler un siège?... Mais quant à prendre une femme avec ou sans escalade, je vous l'ai dit, en ce temps-là , j'en étais parfaitement incapable... Aussi ne fut-ce pas une femme qui fut prise ici ce fut moi! Je le saluai; - le vit-il dans ce coupé sombre? - On a pris Berg-op-Zoom, - lui dis-je. - Et les sous-lieutenants de dix-sept ans, - ajouta-t-il, - ne sont ordinairement pas des Berg-op-Zoom de sagesse et de continence imprenables! -Ainsi, - fis-je gaÃment, - encore une madame ou une mademoiselle Putiphar... - C'était une demoiselle, - interrompit-il avec une bonhomie assez comique. - A mettre à la pile de toutes les autres, capitaine! Seulement, ici, le Joseph était militaire... un Joseph qui n'aura pas fui... - Qui a parfaitement fui, au contraire, - repartit-il, du plus grand sang-froid, - quoique trop tard et avec une peur!!! Avec une peur à me faire comprendre la phrase du maréchal Ney que j'ai entendue de mes deux oreilles et qui, venant d'un pareil homme, m'a, je l'avoue, un peu soulagé "Je voudrais bien savoir quel est le Jean-f... il lâcha le mot tout au long qui dit n'avoir jamais eu peur!..." - Une histoire dans laquelle vous avez eu cette sensation-là doit être fameusement intéressante, capitaine! - Pardieu! - fit-il brusquement, - je puis bien, si vous en êtes curieux, vous la raconter, cette histoire, qui a été un événement, mordant sur ma vie comme un acide sur de l'acier, et qui a marqué à jamais d'une tache noire tous mes plaisirs de mauvais sujet... Ah! ce n'est pas toujours profit que d'être un mauvais sujet! - ajouta-t-il, avec une mélancolie qui me frappa dans ce luron formidable que je croyais doublé de cuivre comme un brick grec. Et il releva la glace qu'il avait baissée, soit qu'il craignÃt que les sons de sa voix ne s'en allassent par là , et qu'on n'entendÃt, du dehors, ce qu'il allait raconter, quoiqu'il n'y eût personne autour de cette voiture, immobile et comme abandonnée; soit que ce régulier coup de balai, qui allait et revenait, et qui râclait avec tant d'appesantissement le pavé de la grande cour de l'hôtel, lui semblât un accompagnement importun de son histoire; - et je l'écoutai, - attentif à sa voix seule, - aux moindres nuances de sa voix, - puisque je ne pouvais voir son visage, dans ce noir compartiment fermé, - et les yeux fixés plus que jamais sur cette fenêtre, au rideau cramoisi, qui brillait toujours de la même fascinante lumière, et dont il allait me parler "J'avais donc dix-sept ans; et je sortais de l'Ecole militaire, - reprit-il. - Nommé sous-lieutenant dans un simple régiment d'infanterie de ligne, qui attendait, avec l'impatience qu'on avait dans ce temps-là , l'ordre de partir pour l'Allemagne, où l'Empereur faisait cette campagne que l'histoire a nommée la campagne de 1813, je n'avais pris que le temps d'embrasser mon vieux père au fond de sa province, avant de rejoindre dans la ville où nous voici, ce soir, le bataillon dont je faisais partie; car cette mince ville, de quelques milliers d'habitants tout au plus, n'avait en garnison que nos deux premiers bataillons... Les deux autres avaient été répartis dans les bourgades voisines. Vous qui probablement n'avez fait que passer dans cette ville-ci, quand vous retournez dans votre Ouest, vous ne pouvez pas vous douter de ce qu'elle est - ou du moins de ce qu'elle était il y a trente ans - pour qui est obligé comme je l'étais alors, d'y demeurer. C'était certainement la pire garnison où le hasard - que je crois le diable toujours, à ce moment-là ministre de la guerre - pût m'envoyer pour mon début. Tonnerre de Dieu! quelle platitude! Je ne me souviens pas d'avoir fait nulle part, depuis, de plus maussade et de plus ennuyeux séjour. Seulement, avec l'âge que j'avais, et avec la première ivresse de l'uniforme, - une sensation que vous ne connaissez pas, mais que connaissent tous ceux qui l'ont porté, - je ne souffrais guère de ce qui, plus tard, m'aurait paru insupportable. Au fond, que me faisait cette morne ville de province?... Je l'habitais, après tout, beaucoup moins que mon uniforme, - un chef-d'oeuvre de Thomassin et Pied, qui me ravissait! Cet uniforme, dont j'étais fou, me voilait et m'embellissait toutes choses; et c'était - cela va vous sembler fort, mais c'est la vérité! - cet uniforme qui était, à la lettre, ma véritable garnison! Quand je m'ennuyais par trop dans cette ville sans mouvement, sans intérêt et sans vie, je me mettais en grande tenue, - toutes aiguillettes dehors, - et l'ennui fuyait devant mon hausse-col! J'étais comme ces femmes qui n'en font pas moins leur toilette quand elles sont seules et qu'elles n'attendent personne. Je m'habillais... pour moi. Je jouissais solitairement de mes épaulettes et de la dragonne de mon sabre, brillant au soleil, dans quelque coin de Cours désert où, vers quatre heures, j'avais l'habitude de me promener, sans chercher personne pour être heureux, et j'avais là des gonflements dans la poitrine, tout autant que, plus tard, au boulevard de Gand, lorsque j'entendais dire derrière moi, en donnant le bras à quelque femme "Il faut convenir que voilà une fière tournure d'officier!" Il n'existait, d'ailleurs, dans cette petite ville très peu riche, et qui n'avait de commerce et d'activité d'aucune sorte, que d'anciennes familles à peu près ruinées, qui boudaient l'Empereur, parce qu'il n'avait pas, comme elles disaient, fait rendre gorge aux voleurs de la Révolution, et qui pour cette raison ne fêtaient guère ses officiers. Donc, ni réunions, ni bals, ni soirées, ni redoutes. Tout au plus, le dimanche, un pauvre bout de Cours où, après la messe de midi, quand il faisait beau temps, les mères allaient promener et exhiber leurs filles jusqu'à deux heures, - l'heure des Vêpres, qui, dès qu'elle sonnait son premier coup, raflait toutes les jupes et vidait ce malheureux Cours. Cette messe de midi où nous n'allions jamais, du reste, je l'ai vue devenir, sous la Restauration, une messe militaire à laquelle l'état-major des régiments était obligé d'assister, et c'était au moins un événement vivant dans ce néant de garnisons mortes! Pour des gaillards qui étaient, comme nous, à l'âge de la vie où l'amour, la passion des femmes, tient une si grande place, cette messe militaire était une ressource. Excepté ceux d'entre nous qui faisaient partie du détachement de service sous les armes, tout le corps d'officiers s'éparpillait et se plaçait à l'église, comme il lui plaisait, dans la nef. Presque toujours nous nous campions derrière les plus jolies femmes qui venaient à cette messe, où elles étaient sûres d'être regardées, et nous leur donnions le plus de distractions possible en parlant, entre nous, à mi-voix, de manière à pouvoir être entendus d'elles, de ce qu'elles avaient de plus charmant dans le visage ou dans la tournure. Ah! la messe militaire! J'y ai vu commencer bien des romans. J'y ai vu fourrer dans les manchons que les jeunes filles laissaient sur leurs chaises, quand elles s'agenouillaient près de leurs mères, bien des billets doux, dont elles nous rapportaient la réponse, dans les mêmes manchons, le dimanche suivant! Mais, sous l'Empereur, il n'y avait point de messe militaire. Aucun moyen par conséquent d'approcher des filles comme il faut de cette petite ville où elles n'étaient pour nous que des rêves cachés, plus ou moins, sous des voiles, de loin aperçus! Des dédommagements à cette perte sèche de la population la plus intéressante de la ville de ***, il n'y en avait pas... Les caravansérails que vous savez, et dont on ne parle point en bonne compagnie, étaient des horreurs. Les cafés où l'on noie tant de nostalgies, en ces oisivetés terribles des garnisons, étaient tels, qu'il était impossible d'y mettre le pied, pour peu qu'on respectât ses épaulettes... Il n'y avait pas non plus, dans cette petite ville où le luxe s'est accru maintenant comme partout, un seul hôtel où nous puissions avoir une table passable d'officiers, sans être volés comme dans un bois, si bien que beaucoup d'entre nous avaient renoncé à la vie collective et s'étaient dispersés dans des pensions particulières, chez des bourgeois peu riches, qui leur louaient des appartements le plus cher possible, et ajoutaient ainsi quelque chose à la maigreur ordinaire de leurs tables et à la médiocrité de leurs revenus. "J'étais de ceux-là . Un de mes camarades qui demeurait ici, à la Poste aux chevaux, où il avait une chambre, car la Poste aux chevaux était dans cette rue en ce temps-là - tenez! à quelques portes derrière nous, et peut-être, s'il faisait jour, verriez-vous encore sur la façade de cette Poste aux chevaux le vieux soleil d'or à moitié sorti de son fond de céruse, et qui faisait cadran avec son inscription "AU SOLEIL LEVANT!" - Un de mes camarades m'avait découvert un appartement dans son voisinage; - à cette fenêtre qui est perchée si haut, et qui me fait l'effet, ce soir, d'être la mienne toujours, comme si c'était hier! Je m'étais laissé loger par lui. Il était plus âgé que moi, depuis plus longtemps au régiment, et il aimait à piloter dans ces premiers moments et ces premiers détails de ma vie d'officier, mon inexpérience, qui était aussi de l'insouciance! Je vous l'ai dit, excepté la sensation de l'uniforme sur laquelle j'appuie, parce que c'est encore là une sensation dont votre génération à congrès de la paix et à pantalonnades philosophiques et humanitaires n'aura bientôt plus la moindre idée, et l'espoir d'entendre ronfler le canon dans la première bataille où je devais perdre passez-moi cette expression soldatesque! mon pucelage militaire, tout m'était égal! Je ne vivais que dans ces deux idées, - dans la seconde surtout, parce qu'elle était une espérance, et qu'on vit plus dans la vie qu'on n'a pas que dans la vie qu'on a. Je m'aimais pour demain, comme l'avare, et je comprenais très bien les dévots qui s'arrangent sur cette terre comme on s'arrange dans un coupe-gorge où l'on n'a qu'à passer une nuit. Rien ne ressemble plus à un moine qu'un soldat, et j'étais soldat! C'est ainsi que je m'arrangeais de ma garnison. Hors les heures des repas que je prenais avec les personnes qui me louaient mon appartement et dont je vous parlerai tout à l'heure, et celles du service et des manoeuvres de chaque jour, je vivais la plus grande partie de mon temps chez moi, couché sur un grand diable de canapé de maroquin bleu sombre, dont la fraÃcheur me faisait l'effet d'un bain froid après l'exercice, et je ne m'en relevais que pour aller faire des armes et quelques parties d'impériale chez mon ami d'en face Louis de Meung, lequel était moins oisif que moi, car il avait ramassé parmi les grisettes de la ville une assez jolie petite fille, qu'il avait prise pour maÃtresse, et qui lui servait, disait-il, à tuer le temps... Mais ce que je connaissais de la femme ne me poussait pas beaucoup à imiter mon ami Louis. Ce que j'en savais, je l'avais vulgairement appris, là où les élèves de Saint-Cyr l'apprennent les jours de sortie... Et puis, il y a des tempéraments qui s'éveillent tard... Est-ce que vous n'avez pas connu Saint-Rémy, le plus mauvais sujet de toute une ville, célèbre par ses mauvais sujets, que nous appelions "le Minotaure", non pas au point de vue des cornes, quoiqu'il en portât, puisqu'il avait tué l'amant de sa femme, mais au point de vue de la consommation?..." - Oui, je l'ai connu, - répondis-je, - mais vieux, incorrigible, se débauchant de plus en plus à chaque année qui lui tombait sur la tête. Pardieu! si je l'ai connu, ce grand rompu de Saint-Rémy, comme on dit dans Brantôme! - C'était en effet un homme de Brantôme, - reprit le vicomte. - Eh bien! Saint-Rémy, à vingt-sept ans sonnés, n'avait encore touché ni à un verre ni à une jupe. Il vous le dira, si vous voulez! A vingt-sept ans, il était, en fait de femmes, aussi innocent que l'enfant qui vient de naÃtre, et quoiqu'il ne tétât plus sa nourrice, il n'avait pourtant jamais bu que du lait et de l'eau. - Il a joliment rattrapé le temps perdu! - fis-je. - Oui, - dit le vicomte, - et moi aussi! Mais j'ai eu moins de peine à le rattraper! Ma première période de sagesse, à moi, ne dépassa guère le temps que je passai dans cette ville de ***; et quoique je n'y eusse pas la virginité absolue dont parle Saint-Rémy, j'y vivais cependant, ma foi! comme un vrai chevalier de Malte, que j'étais, attendu que je le suis de berceau... Saviez-vous cela? J'aurais même succédé à un de mes oncles dans sa commanderie, sans la Révolution qui abolit l'Ordre, dont, tout aboli qu'il fût, je me suis quelquefois permis de porter le ruban. Une fatuité! "Quant aux hôtes que je m'étais donnés, en louant leur appartement, - continua le vicomte de Brassard, - c'était bien tout ce que vous pouvez imaginer de plus bourgeois. Ils n'étaient que deux, le mari et la femme, tous deux âgés, n'ayant pas mauvais ton, au contraire. Dans leurs relations avec moi, ils avaient même cette politesse qu'on ne trouve plus, surtout dans leur classe, et qui est comme le parfum d'un temps évanoui. Je n'étais pas dans l'âge où l'on observe pour observer, et ils m'intéressaient trop peu pour que je pensasse à pénétrer dans le passé de ces deux vieilles gens à la vie desquels je me mêlais de la façon la plus superficielle deux heures par jour, - le midi et le soir, - pour dÃner et souper avec eux. Rien ne transpirait de ce passé dans leurs conversations devant moi, lesquelles conversations trottaient d'ordinaire sur les choses et les personnes de la ville, qu'elles m'apprenaient à connaÃtre et dont ils parlaient, le mari avec une pointe de médisance gaie, et la femme, très pieuse, avec plus de réserve, mais certainement non moins de plaisir. Je crois cependant avoir entendu dire au mari qu'il avait voyagé dans sa jeunesse pour le compte de je ne sais qui et de je ne sais quoi, et qu'il était revenu tard épouser sa femme... qui l'avait attendu. C'étaient, au demeurant, de très braves gens, aux moeurs très douces, et, de très calmes destinées. La femme passait sa vie à tricoter des bas à côtes pour son mari, et le mari, timbré de musique, à racler sur son violon de l'ancienne musique de Viotti, dans une chambre à galetas au-dessus de la mienne... Plus riches, peut-être l'avaient-ils été. Peut-être quelque perte de fortune qu'ils voulaient cacher les avait-elle forcés à prendre chez eux un pensionnaire; mais autrement que par le pensionnaire, on ne s'en apercevait pas. Tout dans leur logis respirait l'aisance de ces maisons de l'ancien temps, abondantes en linge qui sent bon, en argenterie bien pesante, et dont les meubles semblent des immeubles, tant on se met peu en peine de les renouveler! Je m'y trouvais bien. La table était bonne, et je jouissais largement de la permission de la quitter dès que j'avais, comme disait la vieille Olive qui nous servait, "les barbes torchées", ce qui faisait bien de l'honneur de les appeler "des barbes" aux trois poils de chat de la moustache d'un gamin de sous-lieutenant, qui n'avait pas encore fini de grandir! J'étais donc là environ depuis un semestre, tout aussi tranquille que mes hôtes, auxquels je n'avais jamais entendu dire un seul mot ayant trait à l'existence de la personne que j'allais rencontrer chez eux, quand un jour, en descendant pour dÃner à l'heure accoutumée, j'aperçus dans un coin de la salle à manger une grande personne qui, debout et sur la pointe des pieds, suspendait par les rubans son chapeau à une patère, comme une femme parfaitement chez elle et qui vient de rentrer. Cambrée à outrance, comme elle l'était pour accrocher son chapeau à cette patère placée très haut, elle déployait la taille superbe d'une danseuse qui se renverse, et cette taille était prise c'est le mot, tant elle était lacée! dans le corselet luisant d'un spencer de soie verte à franges qui retombaient sur sa robe blanche, une de ces robes du temps d'alors, qui serraient aux hanches et qui n'avaient pas peur de les montrer, quand on en avait... Les bras encore en l'air, elle se retourna en m'entendant entrer, et elle imprima à sa nuque une torsion qui me fit voir son visage; mais elle acheva son mouvement comme si je n'eusse pas été là , regarda si les rubans du chapeau n'avaient pas été froissés par elle en le suspendant, et cela accompli lentement, attentivement et presque impertinemment, car, après tout, j'étais là , debout, attendant, pour la saluer, qu'elle prÃt garde à moi, elle me fit enfin l'honneur de me regarder avec deux yeux noirs, très froids, auxquels ses cheveux, coupés à la Titus et ramassés en boucles sur le front, donnaient l'espèce de profondeur que cette coiffure donne au regard... Je ne savais qui ce pouvait être, à cette heure et à cette place. Il n'y avait jamais personne à dÃner chez mes hôtes... Cependant elle venait probablement pour dÃner. La table était mise, et il y avait quatre couverts... Mais mon étonnement de la voir là fut de beaucoup dépassé par l'étonnement de savoir qui elle était, quand je le sus... quand mes deux hôtes, entrant dans la salle, me la présentèrent comme leur fille qui sortait de pension et qui allait désormais vivre avec eux. Leur fille! Il était impossible d'être moins la fille de gens comme eux que cette fille-là ! Non pas que les plus belles filles du monde ne puissent naÃtre de toute espèce de gens. J'en ai connu... et vous aussi, n'est-ce pas? Physiologiquement, l'être le plus laid peut produire l'être le plus beau. Mais elle! entre elle et eux, il y avait l'abÃme d'une race... D'ailleurs, physiologiquement, puisque je me permets ce grand mot pédant, qui est de votre temps, non du mien, on ne pouvait la remarquer que pour l'air qu'elle avait, et qui était singulier dans une jeune fille aussi jeune qu'elle, car c'était une espèce d'air impassible, très difficile à caractériser. Elle ne l'aurait pas eu qu'on aurait dit "Voilà une belle fille!" et on n'y aurait pas plus pensé qu'à toutes les belles filles qu'on rencontre par hasard; et dont on dit cela, pour n'y plus penser jamais après. Mais cet air... qui la séparait, non pas seulement de ses parents, mais de tous les autres, dont elle semblait n'avoir ni les passions, ni les sentiments, vous clouait... de surprise, sur place... L'Infante à l'épagneul, de Velasquez, pourrait, si vous la connaissez, vous donner une idée de cet air-là , qui n'était ni fier, ni méprisant, ni dédaigneux, non! mais tout simplement impassible, car l'air fier, méprisant, dédaigneux, dit aux gens qu'ils existent, puisqu'on prend la peine de les dédaigner ou de les mépriser, tandis que cet air-ci dit tranquillement "Pour moi, vous n'existez même pas." J'avoue que cette physionomie me fit faire, ce premier jour et bien d'autres, la question qui pour moi est encore aujourd'hui insoluble comment cette grande fille-là était-elle sortie de ce gros bonhomme en redingote jaune vert et à gilet blanc, qui avait une figure couleur des confitures de sa femme, une loupe sur la nuque, laquelle débordait sa cravate de mousseline brodée, et qui bredouillait?... Et si le mari n'embarrassait pas, car le mari n'embarrasse jamais dans ces sortes de questions, la mère me paraissait tout aussi impossible à expliquer. Mlle Albertine c'était le nom de cette archiduchesse d'altitude, tombée du ciel chez ces bourgeois comme si le ciel avait voulu se moquer d'eux, Mlle Albertine, que ses parents appelaient Alberte pour s'épargner la longueur du nom, mais ce qui allait parfaitement mieux à sa figure et à toute sa personne, ne semblait pas plus la fille de l'un que de l'autre... A ce premier dÃner, comme à ceux qui suivirent, elle me parut une jeune fille bien élevée, sans affectation, habituellement silencieuse, qui, quand elle parlait, disait en bons termes ce qu'elle avait à dire, mais qui n'outrepassait jamais cette ligne-là ... Au reste, elle aurait eu tout l'esprit que j'ignorais qu'elle eût, qu'elle n'aurait guère trouvé l'occasion de le montrer dans les dÃners que nous faisions. La présence de leur fille avait nécessairement modifié les commérages des deux vieilles gens. Ils avaient supprimé les petits scandales de la ville. Littéralement, on ne parlait plus à cette table que de choses aussi intéressantes que la pluie et le beau temps. Aussi Mlle Albertine ou Alberte, qui m'avait tant frappé d'abord par son air impassible, n'ayant absolument que cela à m'offrir, me blasa bientôt sur cet air-là ... Si je l'avais rencontrée dans le monde pour lequel j'étais fait, et que j'aurais dû voir, cette impassibilité m'aurait très certainement piqué au vif... Mais, pour moi, elle n'était pas une fille à qui je puisse faire la cour... même des yeux. Ma position vis-à -vis d'elle, à moi en pension chez ses parents, était délicate, et un rien pouvait la fausser... Elle n'était pas assez près ou assez loin de moi dans la vie pour qu'elle pût m'être quelque chose... et j'eus bientôt répondu naturellement, et sans intention d'aucune sorte, par la plus complète indifférence, à son impassibilité. Et cela ne se démentit jamais, ni de son côté ni du mien. Il n'y eut entre nous que la politesse la plus froide, la plus sobre de paroles. Elle n'était pour moi qu'une image qu'à peine je voyais; et moi, pour elle, qu'est-ce que j'étais?... A table, - nous ne nous rencontrions jamais que là , - elle regardait plus le bouchon de la carafe ou le sucrier que ma personne... Ce qu'elle y disait, très correct, toujours fort bien dit, mais insignifiant, ne me donnait aucune clé du caractère qu'elle pouvait avoir. Et puis, d'ailleurs, que m'importait?... J'aurais passé toute ma vie sans songer seulement à regarder dans cette calme et insolente fille, à l'air si déplacé d'Infante... Pour cela, il fallait la circonstance que je m'en vais vous dire, et qui m'atteignit comme la foudre, comme la foudre qui tombe, sans qu'il ait tonné! Un soir, il y avait à peu près un mois que Mlle Alberte était revenue à la maison, et nous nous mettions à table pour souper. Je l'avais à côté de moi, et je faisais si peu d'attention à elle que je n'avais pas encore pris garde à ce détail de tous les jours qui aurait dû me frapper qu'elle fût à table auprès de moi au lieu d'être entre sa mère et son père, quand, au moment où je dépliais ma serviette sur mes genoux... non, jamais je ne pourrai vous donner l'idée de cette sensation et de cet étonnement! je sentis une main qui prenait hardiment la mienne par-dessous la table. Je crus rêver... ou plutôt je ne crus rien du tout... Je n'eus que l'incroyable sensation de cette main audacieuse, qui venait chercher la mienne jusque sous ma serviette! Et ce fut inouï autant qu'inattendu! Tout mon sang, allumé sous cette prise, se précipita de mon coeur dans cette main, comme soutiré par elle, puis remonta furieusement, comme chassé par une pompe, dans mon coeur! Je vis bleu... mes oreilles tintèrent. Je dus devenir d'une pâleur affreuse. Je crus que j'allais m'évanouir... que j'allais me dissoudre dans l'indicible volupté causée par la chair tassée de cette main, un peu grande, et forte comme celle d'un jeune garçon, qui s'était fermée sur la mienne. - Et, comme, vous le savez, dans ce premier âge de la vie, la volupté a son épouvante, je fis un mouvement pour retirer ma main de cette folle main qui l'avait saisie, mais qui, me la serrant alors avec l'ascendant du plaisir qu'elle avait conscience de me verser, la garda d'autorité, vaincue comme ma volonté, et dans l'enveloppement le plus chaud, délicieusement étouffée... Il y a trente-cinq ans de cela, et vous me ferez bien l'honneur de croire que ma main s'est un peu blasée sur l'étreinte de la main des femmes; mais j'ai encore là , quand j'y pense, l'impression de celle-ci étreignant la mienne avec un despotisme si insensément passionné! En proie aux mille frissonnements que cette enveloppante main dardait à mon corps tout entier, je craignais de trahir ce que j'éprouvais devant ce père et cette mère, dont la fille, sous leurs yeux, osait... Honteux pourtant d'être moins homme que cette fille hardie qui s'exposait à se perdre, et dont un incroyable sang-froid couvrait l'égarement, je mordis ma lèvre au sang dans un effort surhumain, pour arrêter le tremblement du désir, qui pouvait tout révéler à ces pauvres gens sans défiance, et c'est alors que mes yeux cherchèrent l'autre de ces deux mains que je n'avais jamais remarquées, et qui, dans ce périlleux moment, tournait froidement le bouton d'une lampe qu'on venait de mettre sur la table, car le jour commençait de tomber... Je la regardai... C'était donc là la soeur de cette main que je sentais pénétrant la mienne, comme un foyer d'où rayonnaient et s'étendaient le long de mes veines d'immenses lames de feu! Cette main, un peu épaisse, mais aux doigts longs et bien tournés, au bout desquels la lumière de la lampe, qui tombait d'aplomb sur elle, allumait des transparences roses, ne tremblait pas et faisait son petit travail d'arrangement de la lampe, pour la faire aller, avec une fermeté, une aisance et une gracieuse langueur de mouvement incomparables! Cependant nous ne pouvions pas rester ainsi... Nous avions besoin de nos mains pour dÃner... Celle de Mlle Alberte quitta donc la mienne; mais au moment où elle la quitta, son pied, aussi expressif que sa main, s'appuya avec le même aplomb, la même passion, la même souveraineté, sur mon pied, et y resta tout le temps que dura ce dÃner trop court, lequel me donna la sensation d'un de ces bains insupportablement brûlants d'abord, mais auxquels on s'accoutume, et dans lesquels on finit par se trouver si bien, qu'on croirait volontiers qu'un jour les damnés pourraient se trouver fraÃchement et suavement dans les brasiers de leur enfer, comme les poissons dans leur eau!... Je vous laisse à penser si je dÃnai ce jour-là , et si je me mêlai beaucoup aux menus propos de mes honnêtes hôtes, qui ne se doutaient pas, dans leur placidité, du drame mystérieux et terrible qui se jouait alors sous la table. Ils ne s'aperçurent de rien; mais ils pouvaient s'apercevoir de quelque chose, et positivement je m'inquiétais pour eux... pour eux, bien plus que pour moi et pour elle. J'avais l'honnêteté et la commisération de mes dix-sept ans... Je me disais "Est-elle effrontée? Est-elle folle?" Et je la regardais du coin de l'oeil, cette folle qui ne perdait pas une seule fois, durant le dÃner, son air de Princesse en cérémonie, et dont le visage resta aussi calme que si son pied n'avait pas dit et fait toutes les folies que peut dire et faire un pied, - sur le mien! J'avoue que j'étais encore plus surpris de son aplomb que de sa folie. J'avais beaucoup lu de ces livres légers où la femme n'est pas ménagée. J'avais reçu une éducation d'école militaire. Utopiquement du moins, j'étais le Lovelace de fatuité que sont plus ou moins tous les très jeunes gens qui se croient de jolis garçons, et qui ont pâturé des bottes de baisers derrière les portes et dans les escaliers, sur les lèvres des femmes de chambre de leurs mères. Mais ceci déconcertait mon petit aplomb de Lovelace de dix-sept ans. Ceci me paraissait plus fort que ce que j'avais lu, que tout ce que j'avais entendu dire sur le naturel dans le mensonge attribué aux femmes, - sur la force de masque qu'elles peuvent mettre à leurs plus violentes ou leurs plus profondes émotions. Songez donc! elle avait dix-huit ans! Les avait-elle même?... Elle sortait d'une pension que je n'avais aucune raison pour suspecter, avec la moralité et la piété de la mère qui l'avait choisie pour son enfant. Cette absence de tout embarras, disons le mot, ce manque absolu de pudeur, cette domination aisée sur soi-même en faisant les choses les plus imprudentes, les plus dangereuses pour une jeune fille, chez laquelle pas un geste, pas un regard n'avait prévenu l'homme auquel elle se livrait par une si monstrueuse avance, tout cela me montait au cerveau et apparaissait nettement à mon esprit, malgré le bouleversement de mes sensations... Mais ni dans ce moment, ni plus tard, je ne m'arrêtai à philosopher là -dessus. Je ne me donnai pas d'horreur factice pour la conduite de cette fille d'une si effrayante précocité dans le mal. D'ailleurs, ce n'est pas à l'âge que j'avais, ni même beaucoup plus tard, qu'on croit dépravée la femme qui - au premier coup d'oeil - se jette à vous! On est presque disposé à trouver cela tout simple, au contraire, et si on dit "La pauvre femme!" c'est déjà beaucoup de modestie que cette pitié! Enfin, si j'étais timide, je ne voulais pas être un niais! La grande raison française pour faire sans remords tout ce qu'il y a de pis. Je savais, certes, à n'en pas douter, que ce que cette fille éprouvait pour moi n'était pas de l'amour. L'amour ne procède pas avec cette impudeur et cette impudence, et je savais parfaitement aussi que ce qu'elle me faisait éprouver n'en était pas non plus. Mais, amour ou non... ce que c'était, je le voulais!... Quand je me levai de table, j'étais résolu... La main de cette Alberte, à laquelle je ne pensais pas une minute avant qu'elle eût saisi la mienne, m'avait laissé, jusqu'au fond de mon être, le désir de m'enlacer tout entier à elle tout entière, comme sa main s'était enlacée à ma main! "Je montai chez moi comme un fou, et quand je me fus un peu froidi par la réflexion, je me demandai ce que j'allais faire pour nouer bel et bien une intrigue, comme on dit en province, avec une fille si diaboliquement provocante. Je savais à peu près - comme un homme qui n'a pas cherché à le savoir mieux - qu'elle ne quittait jamais sa mère; - qu'elle travaillait habituellement près d'elle, à la même chiffonnière, dans l'embrasure de cette salle à manger, qui leur servait de salon; - qu'elle n'avait pas d'amie en ville qui vÃnt la voir, et qu'elle ne sortait guère que pour aller le dimanche à la messe et aux vêpres avec ses parents. Hein? ce n'était pas encourageant, tout cela!... Je commençais à me repentir de n'avoir pas un peu plus vécu avec ces deux bonnes gens que j'avais traités sans hauteur, mais avec la politesse détachée et parfois distraite qu'on a pour ceux qui ne sont que d'un intérêt très secondaire dans la vie; mais je me dis que je ne pouvais modifier mes relations avec eux, sans m'exposer à leur révéler ou à leur faire soupçonner ce que je voulais leur cacher... Je n'avais, pour parler secrètement à Mlle Alberte, que les rencontres sur l'escalier quand je montais à ma chambre ou que j'en descendais; mais, sur l'escalier, on pouvait nous voir et nous entendre... La seule ressource à ma portée, dans cette maison si bien réglée et si étroite, où tout le monde se touchait du coude, était d'écrire; et puisque la main de cette fille hardie savait si bien chercher la mienne par-dessous la table, cette main ne ferait sans doute pas beaucoup de cérémonies pour prendre le billet que je lui donnerais, et je l'écrivis. Ce fut le billet de la circonstance, le billet suppliant, impérieux et enivré, d'un homme qui a déjà bu une première gorgée de bonheur et qui en demande une seconde... Seulement, pour le remettre, il fallait attendre le dÃner du lendemain, et cela me parut long; mais enfin il arriva, ce dÃner! L'attisante main, dont je sentais le contact sur ma main depuis vingt-quatre heures, ne manqua pas de revenir chercher la mienne, comme la veille, par-dessous la table. Mlle Alberte sentit mon billet et le prit très bien, comme je l'avais prévu. Mais ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'avec cet air d'Infante qui défiait tout par sa hauteur d'indifférence, elle le plongea dans le coeur de son corsage, où elle releva une dentelle repliée, d'un petit mouvement sec, et tout cela avec un naturel et une telle prestesse, que sa mère qui, les yeux baissés sur ce qu'elle faisait, servait le potage, ne s'aperçut de rien, et que son imbécile de père, qui lurait toujours quelque chose en pensant à son violon, quand il n'en jouait pas, n'y vit que du feu." - Nous n'y voyons jamais que cela, capitaine! - interrompis-je gaÃment, car son histoire me faisait l'effet de tourner un peu vite à une leste aventure de garnison; mais je ne me doutais pas de ce qui allait suivre! - Tenez! pas plus tard que quelques jours, il y avait à l'Opéra, dans une loge à côté de la mienne, une femme probablement dans le genre de votre demoiselle Alberte. Elle avait plus de dix-huit ans, par exemple; mais je vous donne ma parole d'honneur que j'ai vu rarement de femme plus majestueuse de décence. Pendant qu'a duré toute la pièce, elle est restée assise et immobile comme sur une base de granit. Elle ne s'est retournée ni à droite, ni à gauche, une seule fois; mais sans doute elle y voyait par les épaules, qu'elle avait très nues et très belles, car il y avait aussi, et dans ma loge à moi, par conséquent derrière nous deux, un jeune homme qui paraissait aussi indifférent qu'elle à tout ce qui n'était pas l'opéra qu'on jouait en ce moment. Je puis certifier que ce jeune homme n'a pas fait une seule des simagrées ordinaires que les hommes font aux femmes dans les endroits publics, et qu'on peut appeler des déclarations à distance. Seulement quand la pièce a été finie et que, dans l'espèce de tumulte général des loges qui se vident, la dame s'est levée, droite, dans sa loge, pour agrafer son burnous, je l'ai entendue dire à son mari, de la voix la plus conjugalement impérieuse et la plus claire "Henri!, ramassez mon capuchon!" et alors, par-dessus le dos de Henri, qui s'est précipité la tête en bas, elle a étendu le bras et la main et pris un billet du jeune homme, aussi simplement qu'elle eût pris des mains de son mari son éventail ou son bouquet. Lui s'était relevé, le pauvre homme! tenant le capuchon - un capuchon de satin ponceau, mais moins ponceau que son visage, et qu'il avait, au risque d'une apoplexie, repêché sous les petits bancs, comme il avait pu... Ma foi! après avoir vu cela, je m'en suis allé, pensant qu'au lieu de le rendre à sa femme, il aurait pu tout aussi bien le garder pour lui, ce capuchon, afin de cacher sur sa tête ce qui, tout à coup, venait d'y pousser! - Votre histoire est bonne, - dit le vicomte de Brassard assez froidement; - dans un autre moment; peut-être en aurait-il joui davantage; mais laissez-moi vous achever la mienne. J'avoue qu'avec une pareille fille, je ne fus pas inquiet deux minutes de la destinée de mon billet. Elle avait beau être pendue à la ceinture de sa mère, elle trouverait bien le moyen de me lire et de me répondre. Je comptais même, pour tout un avenir de conversation par écrit, sur cette petite poste de par-dessous la table que nous venions d'inaugurer, lorsque le lendemain, quand j'entrai dans la salle à manger avec la certitude, très caressée au fond de ma personne, d'avoir séance tenante une réponse très catégorique à mon billet de la veille, je crus avoir la berlue en voyant que le couvert avait été changé, et que Mlle Alberte était placée là où elle aurait dû toujours être, entre son père et sa mère... Et pourquoi ce changement?... Que s'était-il donc passé que je ne savais pas?... Le père ou la mère s'étaient-ils doutés de quelque chose? J'avais Mlle Alberte en face de moi, et je la regardais avec cette intention fixe qui veut être comprise. Il y avait vingt-cinq points d'interrogation dans mes yeux; mais les siens étaient aussi calmes, aussi muets, aussi indifférents qu'à l'ordinaire. Ils me regardaient comme s'ils ne me voyaient pas. Je n'ai jamais vu regards plus impatientants que ces longs regards tranquilles qui tombaient sur vous comme sur une chose. Je bouillais de curiosité, de contrariété, d'inquiétude, d'un tas de sentiments agités et déçus... et je ne comprenais pas comment cette femme, si sûre d'elle-même qu'on pouvait croire qu'au lieu de nerfs elle eût sous sa peau fine presque autant de muscles que moi, semblât ne pas oser me faire un signe d'intelligence qui m'avertÃt, - qui me fÃt penser, - qui me dÃt, si vite que ce pût être, que nous nous entendions, - que nous étions connivents et complices dans le même mystère, que ce fût de l'amour, que ce ne fût pas même de l'amour!... C'était à se demander si vraiment c'était bien la femme de la main et du pied sous la table, du billet pris et glissé la veille, si naturellement, dans son corsage, devant ses parents, comme si elle y eût glissé une fleur! Elle en avait tant fait qu'elle ne devait pas être embarrassée de m'envoyer un regard. Mais non! Je n'eus rien. Le dÃner passa tout entier sans ce regard que je guettais, que j'attendais, que je voulais allumer au mien, et qui ne s'alluma pas! "Elle aura trouvé quelque moyen de me répondre", me disais-je en sortant de table et en remontant dans ma chambre, ne pensant pas qu'une telle personne pût reculer, après s'être si incroyablement avancée; - n'admettant pas qu'elle pût rien craindre et rien ménager, quand il s'agissait de ses fantaisies, et parbleu! franchement, ne pouvant pas croire qu'elle n'en eût au moins une pour moi! "Si ses parents n'ont pas de soupçon, - me disais-je encore, - si c'est le hasard qui a fait ce changement de couvert à table, demain je me retrouverai auprès d'elle..." Mais le lendemain, ni les autres jours, je ne fus placé auprès de Mlle Alberte, qui continua d'avoir la même incompréhensible physionomie et le même incroyable ton dégagé pour dire les riens et les choses communes qu'on avait l'habitude de dire à cette table de petits bourgeois. Vous devinez bien que je l'observais comme un homme intéressé à la chose. Elle avait l'air aussi peu contrarié que possible, quand je l'étais horriblement, moi! quand je l'étais jusqu'à la colère, - une colère à me fendre en deux et qu'il fallait cacher! Et cet air, qu'elle ne perdait jamais, me mettait encore plus loin d'elle que ce tour de table interposé entre nous! J'étais si violemment exaspéré, que je finissais par ne plus craindre de la compromettre en la regardant, en lui appuyant sur ses grands yeux impénétrables, et qui restaient glacés, la pesanteur menaçante et enflammée des miens! Etait-ce un manège que sa conduite? Etait-ce coquetterie? N'était-ce qu'un caprice après un autre caprice,... ou simplement stupidité? J'ai connu, depuis, de ces femmes tout d'abord soulèvement de sens, puis après, tout stupidité! "Si on savait le moment!" disait Ninon. Le moment de Ninon était-il déjà passé? Cependant, j'attendais toujours... quoi? un mot, un signe, un rien risqué, à voix basse, en se levant de table dans le bruit des chaises qu'on dérange, et comme cela ne venait pas, je me jetais aux idées folles, à tout ce qu'il y avait au monde de plus absurde. Je me fourrai dans la tête qu'avec toutes les impossibilités dont nous étions entourés au logis, elle m'écrirait par la poste; - qu'elle serait assez fine, quand elle sortirait avec sa mère, pour glisser un billet dans la boÃte aux lettres, et, sous l'empire de cette idée, je me mangeais le sang régulièrement deux fois par jour, une heure avant que le facteur passât par la maison... Dans cette heure-là je disais dix fois à la vieille Olive, d'une voix étranglée "Y a-t-il des lettres pour moi, Olive?" laquelle me répondait imperturbablement toujours "Non, Monsieur, il n'y en a pas." Ah! l'agacement finit par être trop aigu! Le désir trompé devint de la haine. Je me mis à haïr cette Alberte, et, par haine de désir trompé, à expliquer sa conduite avec moi par les motifs qui pouvaient le plus me la faire mépriser, car la haine a soif de mépris. Le mépris, c'est son nectar, à la haine! "Coquine lâche, qui a peur d'une lettre!" me disais-je. Vous le voyez, j'en venais aux gros mots. Je l'insultais dans ma pensée, ne croyant pas en l'insultant la calomnier. Je m'efforçai même de ne plus penser à elle que je criblais des épithètes les plus militaires, quand j'en parlais à Louis de Meung, car je lui en parlais! car l'outrance où elle m'avait jeté avait éteint en moi toute espèce de chevalerie, - et j'avais raconté toute mon aventure à mon brave Louis, qui s'était tirebouchonné sa longue moustache blonde en m'écoutant, et qui m'avait dit, sans se gêner, car nous n'étions pas des moralistes dans le 27e "- Fais comme moi! Un clou chasse l'autre. Prends pour maÃtresse une petite cousette de la ville, et ne pense plus à cette sacrée fille-là !" "Mais je ne suivis point le conseil de Louis. Pour cela, j'étais trop piqué au jeu. Si elle avait su que je prenais une maÃtresse, j'en aurais peut-être pris une pour lui fouetter le coeur ou la vanité par la jalousie. Mais elle ne le saurait pas. Comment pourrait-elle le savoir?... En amenant, si je l'avais fait, une maÃtresse chez moi, comme Louis, à son hôtel de la Poste, c'était rompre avec les bonnes gens chez qui j'habitais, et qui m'auraient immédiatement prié d'aller chercher un autre logement que le leur; et je ne voulais pas renoncer, si je ne pouvais avoir que cela, à la possibilité de retrouver la main ou le pied de cette damnante Alberte qui après ce qu'elle avait osé, restait toujours la grande Mademoiselle Impassible. "- Dis plutôt impossible!" - disait Louis, qui se moquait de moi. "Un mois tout entier se passa, et malgré mes résolutions de me montrer aussi oublieux qu'Alberte et aussi indifférent qu'elle, d'opposer marbre à marbre et froideur à froideur, je ne vécus plus que de la vie tendue de l'affût, - de l'affût que je déteste, même à la chasse! Oui, Monsieur, ce ne fut plus qu'affût perpétuel dans mes journées! Affût quand je descendais à dÃner, et que j'espérais la trouver seule dans la salle à manger comme la première fois! Affût au dÃner, où mon regard ajustait de face ou de côté le sien qu'il rencontrait net et infernalement calme et qui n'évitait pas plus le mien qu'il n'y répondait! Affût après le dÃner, car je restais maintenant un peu après dÃner voir ces dames reprendre leur ouvrage, dans leur embrasure de croisée, guettant si elle ne laisserait pas tomber quelque chose, son dé, ses ciseaux, un chiffon, que je pourrais ramasser, et en les lui rendant toucher sa main, - cette main que j'avais maintenant à travers la cervelle! Affût chez moi, quand j'étais remonté dans ma chambre, y croyant toujours entendre le long du corridor ce pied qui avait piétiné sur le mien, avec une volonté si absolue. Affût jusque dans l'escalier, où je croyais pouvoir la rencontrer, et où la vieille Olive me surprit un jour, à ma grande confusion, en sentinelle! Affût à ma fenêtre - cette fenêtre que vous voyez - où je me plantais quand elle devait sortir avec sa mère, et d'où je ne bougeais pas avant qu'elle fût rentrée, mais tout cela aussi vainement que le reste! Lorsqu'elle sortait, tortillée dans son châle de jeune fille, - un châle à raies rouges et blanches je n'ai rien oublié! semé de fleurs noires et jaunes sur les deux raies, elle ne retournait pas son torse insolent une seule fois, et lorsqu'elle rentrait, toujours aux côtés de sa mère, elle ne levait ni la tête ni les yeux vers la fenêtre où je l'attendais! Tels étaient les misérables exercices auxquels elle m'avait condamné! Certes, je sais bien que les femmes nous font tous plus ou moins valeter, mais dans ces proportions-là !! Le vieux fat qui devrait être mort en moi s'en révolte encore! Ah! je ne pensais plus au bonheur de mon uniforme! Quand j'avais fait le service de la journée, - après l'exercice ou la revue, - je rentrais vite, mais non plus pour lire des piles de mémoires ou de romans, mes seules lectures dans ce temps-là . Je n'allais plus chez Louis de Meung. Je ne touchais plus à mes fleurets. Je n'avais pas la ressource du tabac qui engourdit l'activité quand elle vous dévore, et que vous avez, vous autres jeunes gens qui m'avez suivi dans la vie! On ne fumait pas alors au 27e, si ce n'est entre soldats, au corps de garde, quand on jouait la partie de brisque sur le tambour... Je restais donc oisif de corps, à me ronger... je ne sais pas si c'était le coeur, sur ce canapé qui ne me faisait plus le bon froid que j'aimais dans ces six pieds carrés de chambre, où je m'agitais comme un lionceau dans sa cage, quand il sent la chair fraÃche à côté. "Et si c'était ainsi le jour, c'était aussi de même une grande partie de la nuit. Je me couchais tard. Je ne dormais plus. Elle me tenait éveillé, cette Alberte d'enfer, qui me l'avait allumé dans les veines, puis qui s'était éloignée comme l'incendiaire qui ne retourne pas même la tête pour voir son feu flamber derrière lui! Je baissais, comme le voilà , ce soir", - ici le vicomte passa son gant sur la glace de la voiture placée devant lui, pour essuyer la vapeur qui commençait d'y perler, "- ce même rideau cramoisi, à cette même fenêtre, qui n'avait pas plus de persiennes qu'elle n'en a maintenant, afin que les voisins, plus curieux en province qu'ailleurs, ne dévisageassent pas le fond de ma chambre. C'était une chambre de ce temps-là , - une chambre de l'Empire, parquetée en point de Hongrie, sans tapis, où le bronze plaquait partout le merisier, d'abord en tête de sphinx aux quatre coins du lit, et en pattes de lion sous ses quatre pieds, puis, sur tous les tiroirs de la commode et du secrétaire, en camées de faces de lion, avec des anneaux de cuivre pendant de leurs gueules verdâtres, et par lesquels on les tirait quand on voulait les ouvrir. Une table carrée, d'un merisier plus rosâtre que le reste de l'ameublement, à dessus de marbre gris, grillagée de cuivre, était en face du lit, contre le mur, entre la fenêtre et la porte d'un grand cabinet de toilette; et, vis-à -vis de la cheminée, le grand canapé de maroquin bleu dont je vous ai déjà tant parlé... A tous les angles de cette chambre d'une grande élévation et d'un large espace, il y avait des encoignures en faux laque de Chine, et sur l'une d'elles on voyait, mystérieux et blanc, dans le noir du coin, un vieux buste de Niobé d'après l'antique, qui étonnait là , chez ces bourgeois vulgaires. Mais est-ce que cette incompréhensible Alberte n'étonnait pas bien plus? Les murs lambrissés, et peints à l'huile, d'un blanc jaune, n'avaient ni tableaux, ni gravures. J'y avais seulement mis mes armes, couchées sur de longues pattes-fiches en cuivre doré. Quand j'avais loué cette grande calebasse d'appartement, - comme disait élégamment le lieutenant Louis de Meung, qui ne poétisait pas les choses, - j'avais fait placer au milieu une grande table ronde que je couvrais de cartes militaires, de livres et de papiers c'était mon bureau. J'y écrivais quand j'avais à écrire... Eh bien! un soir, ou plutôt une nuit, j'avais roulé le canapé auprès de cette grande table, et j'y dessinais à la lampe, non pas pour me distraire de l'unique pensée qui me submergeait depuis un mois, mais pour m'y plonger davantage, car c'était la tête de cette énigmatique Alberte que je dessinais, c'était le visage de cette diablesse de femme dont j'étais possédé, comme les dévots disent qu'on l'est du diable. Il était tard. La rue, - où passaient chaque nuit deux diligences en sens inverse, - comme aujourd'hui, - l'une à minuit trois quarts et l'autre à deux heures et demie du matin, et qui toutes deux s'arrêtaient à l'hôtel de la Poste pour relayer, - la rue était silencieuse comme le fond d'un puits. J'aurais entendu voler une mouche; mais si, par hasard, il y en avait une dans ma chambre, elle devait dormir dans quelque coin de vitre ou dans un des plis cannelés de ce rideau, d'une forte étoffe de soie croisée, que j'avais ôté de sa patère et qui tombait devant la fenêtre, perpendiculaire et immobile. Le seul bruit qu'il y eût alors autour de moi, dans ce profond et complet silence, c'était moi qui le faisais avec mon crayon et mon estompe. Oui, c'était elle que je dessinais, et Dieu sait avec quelle caresse de main et quelle préoccupation enflammée! Tout à coup, sans aucun bruit de serrure qui m'aurait averti, ma porte s'entr'ouvrit en flûtant ce son des portes dont les gonds sont secs, et resta à moitié entrebâillée, comme si elle avait eu peur du son qu'elle avait jeté! Je relevai les yeux, croyant avoir mal fermé cette porte qui, d'elle-même, inopinément, s'ouvrait en filant ce son plaintif, capable de faire tressaillir dans la nuit ceux qui veillent et de réveiller ceux qui dorment. Je me levai de ma table pour aller la fermer; mais la porte entr'ouverte s'ouvrit plus grande et très doucement toujours, mais en recommençant le son aigu qui traÃna comme un gémissement dans la maison silencieuse, et je vis, quand elle se fut ouverte de toute sa grandeur, Alberte! - Alberte qui, malgré les précautions d'une peur qui devait être immense, n'avait pu empêcher cette porte maudite de crier! "Ah! tonnerre de Dieu! ils parlent de visions, ceux qui y croient; mais la vision la plus surnaturelle ne m'aurait pas donné la surprise, l'espèce de coup au coeur que je ressentis et qui se répéta en palpitations insensées, quand je vis venir à moi, - de cette porte ouverte, - Alberte, effrayée au bruit que cette porte venait de faire en s'ouvrant, et qui allait recommencer encore, si elle la fermait! Rappelez-vous toujours que je n'avais pas dix-huit ans! Elle vit peut-être ma terreur à la sienne elle réprima, par un geste énergique, le cri de surprise qui pouvait m'échapper, - qui me serait certainement échappé sans ce geste, - et elle referma la porte, non plus lentement, puisque cette lenteur l'avait fait crier, mais rapidement, pour éviter ce cri des gonds, - qu'elle n'évita pas, et qui recommença plus net, plus franc, d'une seule venue et suraigu; - et, la porte fermée et l'oreille contre, elle écouta si un autre bruit, qui aurait été plus inquiétant et plus terrible, ne répondait pas à celui-là ... Je crus la voir chanceler... Je m'élançai, et je l'eus bientôt dans les bras. - Mais elle va bien, votre Alberte, - dis-je au capitaine. - Vous croyez peut-être, - reprit-il, comme s'il n'avait pas entendu ma moqueuse observation, - qu'elle y tomba, dans mes bras, d'effroi, de passion, de tête perdue, comme une fille poursuivie ou qu'on peut poursuivre, - qui ne sait plus ce qu'elle fait quand elle fait la dernière des folies, quand elle s'abandonne à ce démon que les femmes ont toutes - dit-on - quelque part, et qui serait le maÃtre toujours, s'il n'y en avait pas deux autres aussi en elles, - la Lâcheté et la Honte, - pour contrarier celui-là ! Eh bien, non, ce n'était pas cela! Si vous le croyiez, vous vous tromperiez ... Elle n'avait rien de ces peurs vulgaires et osées ... Ce fut bien plus elle qui me prit dans ses bras que je ne la pris dans les miens... Son premier mouvement avait été de se jeter le front contre ma poitrine, mais elle le releva et me regarda, les yeux tout grands, - des yeux immenses! - comme pour voir si c'était bien moi qu'elle tenait ainsi dans ses bras! Elle était horriblement pâle, et comme je ne l'avais jamais vue pâle; mais ses traits de Princesse n'avaient pas bougé. Ils avaient toujours l'immobilité et la fermeté d'une médaille. Seulement, sur sa bouche aux lèvres légèrement bombées errait je ne sais quel égarement, qui n'était pas celui de la passion heureuse ou qui va l'être tout à l'heure! Et cet égarement avait quelque chose de si sombre dans un pareil moment, que, pour ne pas le voir, je plantai sur ces belles lèvres rouges et érectiles le robuste et foudroyant baiser du désir triomphant et roi! La bouche s'entr'ouvrit... mais les yeux noirs, à la noirceur profonde, et dont les longues paupières touchaient presque alors mes paupières, ne se fermèrent point, - ne palpitèrent même pas; - mais tout au fond, comme sur sa bouche, je vis passer de la démence! Agrafée dans ce baiser de feu et comme enlevée par les lèvres qui pénétraient les siennes, aspirée par l'haleine qui la respirait, je la portai, toujours collée à moi, sur ce canapé de maroquin bleu, - mon gril de saint Laurent, depuis un mois que je m'y roulais en pensant à elle, - et dont le maroquin se mit voluptueusement à craquer sous son dos nu, car elle était à moitié nue. Elle sortait de son lit, et, pour venir, elle avait... le croirez-vous? été obligée de traverser la chambre où son père et sa mère dormaient! Elle l'avait traversée à tâtons, les mains en avant, pour ne pas se choquer à quelque meuble qui aurait retenti de son choc et qui eût pu les réveiller. - Ah! - fis-je, - on n'est pas plus brave à la tranchée. Elle était digne d'être la maÃtresse d'un soldat! - Et elle le fut dès cette première nuit-là , reprit le vicomte. - Elle le fut aussi violente que moi, et je vous jure que je l'étais! Mais c'est égal... voici la revanche! Elle ni moi ne pûmes oublier, dans les plus vifs de nos transports, l'épouvantable situation qu'elle nous faisait à tous les deux. Au sein de ce bonheur qu'elle venait chercher et m'offrir, elle était alors comme stupéfiée de l'acte qu'elle accomplissait d'une volonté pourtant si ferme, avec un acharnement si obstiné. Je ne m'en étonnai pas. Je l'étais bien, moi, stupéfié! J'avais bien, sans le lui dire et sans le lui montrer, la plus effroyable anxiété dans le coeur, pendant qu'elle me pressait à m'étouffer sur le sien. J'écoutais, à travers ses soupirs, à travers ses baisers, à travers le terrifiant silence qui pesait sur cette maison endormie et confiante, une chose horrible c'est si sa mère ne s'éveillait pas, si son père ne se levait pas! Et jusque par-dessus son épaule, je regardais derrière elle si cette porte, dont elle n'avait pas ôté la clé, par peur du bruit qu'elle pouvait faire, n'allait pas s'ouvrir de nouveau et me montrer, pâles et indignées, ces deux têtes de Méduse, ces deux vieillards, que nous trompions avec une lâcheté si hardie, surgir tout à coup dans la nuit, images de l'hospitalité violée et de la Justice! Jusqu'à ces voluptueux craquements du maroquin bleu, qui m'avaient sonné la diane de l'Amour, me faisaient tressaillir d'épouvante... Mon coeur battait contre le sien, qui semblait me répercuter ses battements... C'était enivrant et dégrisant tout à la fois, mais c'était terrible! Je me fis à tout cela plus tard. A force de renouveler impunément cette imprudence sans nom, je devins tranquille dans cette imprudence. A force de vivre dans ce danger d'être surpris, je me blasai. Je n'y pensai plus. Je ne pensai plus qu'à être heureux. Dès cette première nuit formidable, qui aurait dû l'épouvanter des autres, elle avait décidé qu'elle viendrait chez moi de deux nuits en deux nuits, puisque je ne pouvais aller chez elle, - sa chambre de jeune fille n'ayant d'autre issue que dans l'appartement de ses parents, - et elle y vint régulièrement toutes les deux nuits; mais jamais elle ne perdit la sensation, - la stupeur de la première fois! Le temps ne produisit pas sur elle l'effet qu'il produisit sur moi. Elle ne se bronza pas au danger, affronté chaque nuit. Toujours elle restait, et jusque sur mon coeur, silencieuse, me parlant à peine avec la voix, car, d'ailleurs, vous vous doutez bien qu'elle était éloquente; et lorsque plus tard le calme me prit, moi, à force de danger affronté et de réussite, et que je lui parlai, comme on parle à sa maÃtresse, de ce qu'il y avait déjà de passé entre nous, - de cette froideur inexplicable et démentie, puisque je la tenais dans mes bras, et qui avait succédé à ses premières audaces; quand je lui adressai enfin tous ces pourquoi insatiables de l'amour, qui n'est peut-être au fond qu'une curiosité, elle ne me répondit jamais que par de longues étreintes. Sa bouche triste demeurait muette de tout... excepté de baisers! Il y a des femmes qui vous disent "Je me perds pour vous"; il y en a d'autres qui vous disent "Tu vas bien me mépriser"; et ce sont là des manières différentes d'exprimer la fatalité de l'amour. Mais elle, non! Elle ne disait mot... Chose étrange! Plus étrange personne! Elle me produisait l'effet d'un épais et dur couvercle de marbre qui brûlait, chauffé par en dessous... Je croyais qu'il arriverait un moment où le marbre se fendrait enfin sous la chaleur brûlante, mais le marbre ne perdit jamais sa rigide densité. Les nuits qu'elle venait, elle n'avait ni plus d'abandon, ni plus de paroles, et, je me permettrai ce mot ecclésiastique, elle fut toujours aussi difficile à confesser que la première nuit qu'elle était venue. Je n'en tirai pas davantage... Tout au plus un monosyllabe arraché, d'obsession, à ces belles lèvres dont je raffolais d'autant plus que je les avais vues plus froides et plus indifférentes pendant la journée, et, encore, un monosyllabe qui ne faisait pas grande lumière sur la nature de cette fille, qui me paraissait plus sphinx, à elle seule, que tous les Sphinx dont l'image se multipliait autour de moi, dans cet appartement Empire. - Mais, capitaine, interrompis-je encore, - il y eut pourtant une fin à tout cela? Vous êtes un homme fort, et tous les Sphinx sont des animaux fabuleux. Il n'y en a point dans la vie, et vous finÃtes bien par trouver, que diable! ce qu'elle avait dans son giron, cette commère-là ! - Une fin! Oui, il y eut une fin, - fit le vicomte de Brassard en baissant brusquement la vitre du coupé, comme si la respiration avait manqué à sa monumentale poitrine et qu'il eût besoin d'air pour achever ce qu'il avait à raconter. - Mais le giron, comme vous dites, de cette singulière fille n'en fut pas plus ouvert pour cela. Notre amour, notre relation, notre intrigue, - appelez cela comme vous voudrez, - nous donna, ou plutôt me donna, à moi, des sensations que je ne crois pas avoir éprouvées jamais depuis avec des femmes plus aimées que cette Alberte, qui ne m'aimait peut-être pas, que je n'aimais peut-être pas!! Je n'ai jamais bien compris ce que j'avais pour elle et ce qu'elle avait pour moi, et cela dura plus de six mois! Pendant ces six mois, tout ce que je compris, ce fut un genre de bonheur dont on n'a pas l'idée dans la jeunesse. Je compris le bonheur de ceux qui se cachent. Je compris la jouissance du mystère dans la complicité, qui, même sans l'espérance de réussir, ferait encore des conspirateurs incorrigibles. Alberte, à la table de ses parents comme partout, était toujours la Madame Infante qui m'avait tant frappé le premier jour que je l'avais vue. Son front néronien, sous ses cheveux bleus à force d'être noirs, qui bouclaient durement et touchaient ses sourcils, ne laissaient rien passer de la nuit coupable, qui n'y étendait aucune rougeur. Et moi qui essayais d'être aussi impénétrable qu'elle, mais qui, j'en suis sûr, aurais dû me trahir dix fois si j'avais eu affaire à des observateurs, je me rassasiais orgueilleusement et presque sensuellement, dans le plus profond de mon être, de l'idée que toute cette superbe indifférence était bien à moi et qu'elle avait pour moi toutes les bassesses de la passion, si la passion pouvait jamais être basse! Nul que nous sur la terre ne savait cela... et c'était délicieux, cette pensée! Personne, pas même mon ami, Louis de Meung, avec lequel j'étais discret depuis que j'étais heureux! Il avait tout deviné, sans doute, puisqu'il était aussi discret que moi. Il ne m'interrogeait pas. J'avais repris avec lui, sans effort, mes habitudes d'intimité, les promenades sur le Cours, en grande ou en petite tenue, l'impériale, l'escrime et le punch! Pardieu! quand on sait que le bonheur viendra, sous la forme d'une belle jeune fille qui a comme une rage de dents dans le coeur, vous visiter régulièrement d'une nuit l'autre, à la même heure, cela simplifie joliment les jours!" - Mais ils dormaient donc comme les Sept Dormants, les parents de cette Alberte? - fis-je railleusement, en coupant net les réflexions de l'ancien dandy par une plaisanterie, et pour ne pas paraÃtre trop pris par son histoire, qui me prenait, car, avec les dandys, on n'a guère que la plaisanterie pour se faire un peu respecter. - Vous croyez donc que je cherche des effets de conteur hors de la réalité? - dit le vicomte. - Mais je ne suis pas romancier, moi! Quelquefois Alberte ne venait pas. La porte, dont les gonds huilés étaient moelleux comme de la ouate maintenant, ne s'ouvrait pas de toute une nuit, et c'est qu'alors sa mère l'avait entendue et s'était écriée, ou c'est que son père l'avait aperçue, filant ou tâtonnant à travers la chambre. Seulement Alberte, avec sa tête d'acier, trouvait à chaque fois un prétexte. Elle était souffrante... Elle cherchait le sucrier sans flambeau, de peur de réveiller personne..." - Ces têtes d'acier-là ne sont pas si rares que vous avez l'air de le croire, capitaine! - interrompis-je encore. J'étais contrariant. - Votre Alberte, après tout, n'était pas plus forte que la jeune fille qui recevait toutes les nuits, dans la chambre de sa grand-mère, endormie derrière ses rideaux, un amant entré par la fenêtre, et qui, n'ayant pas de canapé de maroquin bleu, s'établissait, à la bonne franquette, sur le tapis... Vous savez comme moi l'histoire. Un soir, apparemment poussé par la jeune fille trop heureuse, un soupir plus fort que les autres réveilla la grand-mère, qui cria de dessous ses rideaux un "Qu'as-tu donc, petite?" à la faire évanouir contre le coeur de son amant; mais elle n'en répondit pas moins de sa place "C'est mon buse qui me gêne, grand-maman, pour chercher mon aiguille tombée sur le tapis, et que je ne puis pas retrouver!" - Oui, je connais l'histoire, reprit le vicomte de Brassard, que j'avais cru humilier, par une comparaison, dans la personne de son Alberte. - C'était, si je m'en souviens bien, une de Guise que la jeune fille dont vous me parlez. Elle s'en tira comme une fille de son nom; mais vous ne dites pas qu'à partir de cette nuit-là elle ne rouvrit plus la fenêtre à son amant, qui était, je crois, monsieur de Noirmoutier, tandis qu'Alberte revenait le lendemain de ces accrocs terribles, et s'exposait de plus belle au danger bravé, comme si de rien n'était. Alors, je n'étais, moi, qu'un sous-lieutenant assez médiocre en mathématiques, et qui m'en occupais fort peu; mais il était évident, pour qui sait faire le moindre calcul des probabilités, qu'un jour... une nuit... il y aurait un dénoûment... - Ah, oui! - fis-je, me rappelant ses paroles d'avant son histoire, - le dénoûment qui devait vous faire connaÃtre la sensation de la peur, capitaine. - Précisément, - répondit-il d'un ton plus grave et qui tranchait sur le ton léger que j'affectais. - Vous l'avez vu, n'est-ce pas? depuis ma main prise sous la table jusqu'au moment où elle surgit la nuit, comme une apparition dans le cadre de ma porte ouverte, Alberte ne m'avait pas marchandé l'émotion. Elle m'avait fait passer dans l'âme plus d'un genre de frisson, plus d'un genre de terreur; mais ce n'avait été encore que l'impression des balles qui sifflent autour de vous et des boulets dont on sent le vent; on frissonne, mais on va toujours. Eh bien! ce ne fut plus cela. Ce fut de la peur, de la peur complète, de la vraie peur, et non plus pour Alberte, mais pour moi, et pour moi tout seul! Ce que j'éprouvai, ce fut positivement cette sensation qui doit rendre le coeur aussi pâle que la face; ce fut cette panique qui fait prendre la fuite à des régiments tout entiers. Moi qui vous parle, j'ai vu fuir tout Chamboran, bride abattue et ventre à terre, l'héroïque Chamboran, emportant, dans son flot épouvanté, son colonel et ses officiers! Mais à cette époque je n'avais encore rien vu, et j'appris... ce que je croyais impossible. "Ecoutez donc... C'était une nuit. Avec la vie que nous menions, ce ne pouvait être qu'une nuit... une longue nuit d'hiver. Je ne dirai pas une de nos plus tranquilles. Elles étaient toutes tranquilles, nos nuits. Elles l'étaient devenues à force d'être heureuses. Nous dormions sur ce canon chargé. Nous n'avions pas la moindre inquiétude en faisant l'amour sur cette lame de sabre posée en travers d'un abÃme, comme le pont de l'enfer des Turcs! Alberte était venue plus tôt qu'à l'ordinaire, pour être plus longtemps. Quand elle venait ainsi, ma première caresse, mon premier mouvement d'amour était pour ses pieds, ses pieds qui n'avaient plus alors ses brodequins verts ou hortensia, ces deux coquetteries et mes deux délices, et qui, nus pour ne pas faire de bruit, m'arrivaient transis de froid des briques sur lesquelles elle avait marché, le long du corridor qui menait de la chambre de ses parents à ma chambre, placée à l'autre bout de la maison. Je les réchauffais, ces pieds glacés pour moi, qui peut-être ramassaient, pour moi, en sortant d'un lit chaud, quelque horrible maladie de poitrine... Je savais le moyen de les tiédir et d'y mettre du rose ou du vermillon, à ces pieds pâles et froids; mais cette nuit-là mon moyen manqua... Ma bouche fut impuissante à attirer sur ce cou-de-pied cambré et charmant la plaque de sang que j'aimais souvent à y mettre, comme une rosette ponceau... Alberte, cette nuit-là , était plus silencieusement amoureuse que jamais. Ses étreintes avaient cette langueur et cette force qui étaient pour moi un langage, et un langage si expressif que, si je lui parlais toujours, moi, si je lui disais toutes mes démences et toutes mes ivresses, je ne lui demandais plus de me répondre et de me parler. A ses étreintes, je l'entendais. Tout à coup, je ne l'entendis plus. Ses bras cessèrent de me presser sur son coeur, et je crus à une de ces pâmoisons comme elle en avait souvent, quoique ordinairement elle gardât, en ses pâmoisons, la force crispée de l'étreinte... Nous ne sommes pas des bégueules entre nous. Nous sommes deux hommes, et nous pouvons nous parler comme deux hommes... J'avais l'expérience des spasmes voluptueux d'Alberte, et quand ils la prenaient, ils n'interrompaient pas mes caresses. Je restais comme j'étais, sur son coeur, attendant qu'elle revÃnt à la vie consciente, dans l'orgueilleuse certitude qu'elle reprendrait ses sens sous les miens, et que la foudre qui l'avait frappée la ressusciterait en la refrappant... Mais mon expérience fut trompée. Je la regardai comme elle était, liée à moi, sur le canapé bleu, épiant le moment où ses yeux, disparus sous ses larges paupières, me remontreraient leurs beaux orbes de velours noir et de feu; où ses dents, qui se serraient et grinçaient à briser leur émail au moindre baiser appliqué brusquement sur son cou et traÃné longuement sur ses épaules, laisseraient, en s'entr'ouvrant, passer son souffle. Mais ni les yeux ne revinrent, ni les dents ne se desserrèrent... Le froid des pieds d'Alberte était monté jusque dans ses lèvres et sous les miennes... Quand je sentis cet horrible froid, je me dressai à mi-corps pour mieux la regarder; je m'arrachai en sursaut de ses bras, dont l'un tomba sur elle et l'autre pendit à terre, du canapé sur lequel elle était couchée. Effaré, mais lucide encore, je lui mis la main sur le coeur... Il n'y avait rien! rien au pouls, rien aux tempes, rien aux artères carotides, rien nulle part... que la mort qui était partout, et déjà avec son épouvantable rigidité! J'étais sûr de la mort... et je ne voulais pas y croire! La tête humaine a de ces volontés stupides contre la clarté même de l'évidence et du destin. Alberte était morte. De quoi?... Je ne savais. Je n'étais pas médecin. Mais elle était morte; et quoique je visse avec la clarté du jour de midi que ce que je pourrais faire était inutile, je fis pourtant tout ce qui me semblait si désespérément inutile. Dans mon néant absolu de tout, de connaissances, d'instruments, de ressources, je lui vidais sur le front tous les flacons de ma toilette. Je lui frappais résolument dans les mains, au risque d'éveiller le bruit, dans cette maison où le moindre bruit nous faisait trembler. J'avais ouï dire à un de mes oncles, chef d'escadron au 4e dragons, qu'il avait un jour sauvé un de ses amis d'une apoplexie en le saignant vite avec une de ces flammes dont on se sert pour saigner les chevaux. J'avais des armes plein ma chambre. Je pris un poignard, et j'en labourai le bras d'Alberte à la saignée. Je massacrai ce bras splendide d'où le sang ne coula même pas. Quelques gouttes s'y coagulèrent. Il était figé. Ni baisers, ni succions, ni morsures ne purent galvaniser ce cadavre raidi, devenu cadavre sous mes lèvres. Ne sachant plus ce que je faisais, je finis par m'étendre dessus, le moyen qu'emploient disent les vieilles histoires les Thaumaturges ressusciteurs, n'espérant pas y réchauffer la vie, mais agissant comme si je l'espérais! Et ce fut sur ce corps glacé qu'une idée, qui ne s'était pas dégagée du chaos dans lequel la bouleversante mort subite d'Alberte m'avait jeté, m'apparut nettement... et que j'eus peur! Oh!... mais une peur... une peur immense! Alberte était morte chez moi, et sa mort disait tout. Qu'allais-je devenir? Que fallait-il faire?... A cette pensée, je sentis la main, la main physique de cette peur hideuse, dans mes cheveux qui devinrent des aiguilles! Ma colonne vertébrale se fondit en une fange glacée, et je voulus lutter - mais en vain - contre cette déshonorante sensation... Je me dis qu'il fallait avoir du sang-froid... que j'étais un homme après tout... que j'étais militaire. Je me mis la tête dans mes mains, et quand le cerveau me tournait dans le crâne, je m'efforçai de raisonner la situation horrible dans laquelle j'étais pris... et d'arrêter, pour les fixer et les examiner, toutes les idées qui me fouettaient le cerveau comme une toupie cruelle, et qui toutes allaient, à chaque tour, se heurter à ce cadavre qui était chez moi, à ce corps inanimé d'Alberte qui ne pouvait plus regagner sa chambre, et que sa mère devait retrouver le lendemain dans la chambre de l'officier, morte et déshonorée! L'idée de cette mère, à laquelle j'avais peut-être tué sa fille en la déshonorant, me pesait plus sur le cÅ“ur que le cadavre même d'Alberte... On ne pouvait pas cacher la mort; mais le déshonneur, prouvé par le cadavre chez moi, n'y avait-il pas moyen de le cacher?... C'était la question que je me faisais, le point fixe que je regardais dans ma tête. Difficulté grandissant à mesure que je la regardais, et qui prenait les proportions d'une impossibilité absolue. Hallucination effroyable! par moments le cadavre d'Alberte me semblait emplir toute ma chambre et ne pouvoir plus en sortir. Ah! si la sienne n'avait pas été placée derrière l'appartement de ses parents, je l'aurais, à tout risque, reportée dans son lit! Mais pouvais-je faire, moi, avec son corps mort dans mes bras, ce qu'elle faisait, elle, déjà si imprudemment, vivante, et m'aventurer ainsi à traverser une chambre que je ne connaissais pas, où je n'étais jamais entré, et où reposaient endormis du sommeil léger des vieillards le père et la mère de la malheureuse?... Et cependant, l'état de ma tête était tel, la peur du lendemain et de ce cadavre chez moi me galopaient avec tant de furie, que ce fut cette idée, cette témérité, cette folie de reporter Alberte chez elle qui s'empara de moi comme l'unique moyen de sauver l'honneur de la pauvre fille et de m'épargner la honte des reproches du père et de la mère, de me tirer enfin de cette ignominie. Le croirez-vous? J'ai peine à le croire moi-même, quand j'y pense! J'eus la force de prendre le cadavre d'Alberte et, le soulevant par les bras, de le charger sur mes épaules. Horrible chape, plus lourde, allez! que celle des damnés dans l'enfer du Dante! Il faut l'avoir portée, comme moi, cette chape d'une chair qui me faisait bouillonner le sang de désir il n'y avait qu'une heure, et qui maintenant me transissait!... Il faut l'avoir portée pour bien savoir ce que c'était! J'ouvris ma porte ainsi chargé et, pieds nus comme elle, pour faire moins de bruit, je m'enfonçai dans le corridor qui conduisait à la chambre de ses parents, et dont la porte était au fond, m'arrêtant à chaque pas sur mes jambes défaillantes pour écouter le silence de la maison dans la nuit, que je n'entendais plus, à cause des battements de mon coeur! Ce fut long. Rien ne bougeait... Un pas suivait un pas... Seulement, quand j'arrivai tout contre la terrible porte de la chambre de ses parents, - qu'il me fallait franchir et qu'elle n'avait pas, en venant, entièrement fermée pour la retrouver entr'ouverte au retour, et que j'entendis les deux respirations longues et tranquilles de ces deux pauvres vieux qui dormaient dans toute la confiance de la vie, je n'osai plus!... Je n'osai plus passer ce seuil noir et béant dans les ténèbres... Je reculai; je m'enfuis presque avec mon fardeau! Je rentrai chez moi de plus en plus épouvanté. Je replaçai le corps d'Alberte sur le canapé, et je recommençai, accroupi sur les genoux auprès d'elle, les suppliciantes questions "Que faire? que devenir?..." Dans l'écroulement qui se faisait en moi, l'idée insensée et atroce de jeter le corps de cette belle fille, ma maÃtresse de six mois! par la fenêtre, me sillonna l'esprit. Méprisez-moi! J'ouvris la fenêtre... j'écartai le rideau que vous voyez là ... et je regardai dans le trou d'ombre au fond duquel était la rue, car il faisait très sombre cette nuit-là . On ne voyait point le pavé. "On croira à un suicide", pensai-je, et je repris Alberte, et je la soulevai... Mais voilà qu'un éclair de bon sens croisa la folie! "D'où se sera-t-elle tuée? D'où sera-t-elle tombée si on la trouve sous ma fenêtre demain?..." me demandai-je. L'impossibilité de ce que je voulais faire me souffleta! J'allai refermer la fenêtre, qui grinça dans son espagnolette. Je retirai le rideau de la fenêtre, plus mort que vif de tous les bruits que je faisais. D'ailleurs, par la fenêtre, - sur l'escalier, - dans le corridor, - partout où je pouvais laisser ou jeter le cadavre, éternellement accusateur, la profanation était inutile. L'examen du cadavre révélerait tout, et l'oeil d'une mère, si cruellement avertie, verrait tout ce que le médecin ou le juge voudrait lui cacher... Ce que j'éprouvais était insupportable, et l'idée d'en finir d'un coup de pistolet, en l'état lâche de mon âme démoralisée un mot de l'Empereur que plus tard j'ai compris!, me traversa en regardant luire mes armes contre le mur de ma chambre. Mais que voulez-vous?... Je serai franc j'avais dix-sept ans, et j'aimais... mon épée. C'est par goût et sentiment de race que j'étais soldat. Je n'avais jamais vu le feu, et je voulais le voir. J'avais l'ambition militaire. Au régiment nous plaisantions de Werther, un héros du temps, qui nous faisait pitié, à nous autres officiers! La pensée qui m'empêcha de me soustraire, en me tuant, à l'ignoble peur qui me tenait toujours, me conduisit à une autre qui me parut le salut même dans l'impasse où je me tordais! "Si j'allais trouver le colonel?" me dis-je. - Le colonel c'est la paternité militaire, - et je m'habillai comme on s'habille quand bat la générale, dans une surprise... Je pris mes pistolets par une précaution de soldat. Qui savait ce qui pourrait arriver?... J'embrassai une dernière fois, avec le sentiment qu'on a à dix-sept ans, - et on est toujours sentimental à dix-sept ans, - la bouche muette, et qui l'avait été toujours, de cette belle Alberte trépassée, et qui me comblait depuis six mois de ses plus enivrantes faveurs... Je descendis sur la pointe des pieds l'escalier de cette maison où je laissais la mort... Haletant comme un homme qui se sauve, je mis une heure il me sembla que j'y mettais une heure! à déverrouiller la porte de la rue et à tourner la grosse clé dans son énorme serrure, et après l'avoir refermée avec les précautions d'un voleur, je m'encourus, comme un fuyard, chez mon colonel. J'y sonnai comme au feu. J'y retentis comme une trompette, comme si l'ennemi avait été en train d'enlever le drapeau du régiment! Je renversai tout, jusqu'à l'ordonnance qui voulut s'opposer à ce que j'entrasse à pareille heure dans la chambre de son maÃtre, et une fois le colonel réveillé par la tempête du bruit que je faisais, je lui dis tout. Je me confessai d'un trait et à fond, rapidement et crânement, car les moments pressaient, le suppliant de me sauver... C'était un homme que le colonel! Il vit d'un coup d'oeil l'horrible gouffre dans lequel je me débattais... Il eut pitié du plus jeune de ses enfants, comme il m'appela, et je crois que j'étais alors assez dans un état à faire pitié! Il me dit, avec le juron le plus français, qu'il fallait commencer par décamper immédiatement de la ville, et qu'il se chargerait de tout... qu'il verrait les parents dès que je serais parti, mais qu'il fallait partir, prendre la diligence qui allait relayer dans dix minutes à l'hôtel de la Poste, gagner une ville qu'il me désigna et où il m'écrirait... Il me donna de l'argent, car j'avais oublié d'en prendre, m'appliqua cordialement sur les joues ses vieilles moustaches grises, et dix minutes après cette entrevue, je grimpais il n'y avait plus que cette place sur l'impériale de la diligence, qui faisait le même service que celle où nous sommes actuellement, et je passais au galop sous la fenêtre je vous demande quels regards j'y jetai de la funèbre chambre où j'avais laissé Alberte morte, et qui était éclairée comme elle l'est ce soir." Le vicomte de Brassard s'arrêta, sa forte voix un peu brisée. Je ne songeais plus à plaisanter. Le silence ne fut pas long entre nous. - Et après? - lui dis-je. - Eh bien! voilà - répondit-il, il n'y a pas d'après! C'est cela qui a bien longtemps tourmenté ma curiosité exaspérée. Je suivis aveuglément les instructions du colonel. J'attendis avec impatience une lettre qui m'apprendrait ce qu'il avait fait et ce qui était arrivé après mon départ. J'attendis environ un mois; mais, au bout de ce mois, ce ne fut pas une lettre que je reçus du colonel, qui n'écrivait guère qu'avec son sabre sur la figure de l'ennemi; ce fut l'ordre d'un changement de corps. Il m'était ordonné de rejoindre le 35e, qui allait entrer en campagne, et il fallait que sous vingt-quatre heures je fusse arrivé au nouveau corps auquel j'appartenais. Les immenses distractions d'une campagne, et de la première! les batailles auxquelles j'assistai, les fatigues et aussi les aventures de femmes que je mis par-dessus celle-ci, me firent négliger d'écrire au colonel, et me détournèrent du souvenir cruel de l'histoire d'Alberte, sans pouvoir pourtant l'effacer. Je l'ai gardé comme une balle qu'on ne peut extraire... Je me disais qu'un jour ou l'autre je rencontrerais le colonel, qui me mettrait enfin au courant de ce que je désirais savoir, mais le colonel se fit tuer à la tête de son régiment à Leipsick... Louis de Meung s'était aussi fait tuer un mois auparavant... C'est assez méprisable, cela, - ajouta le capitaine, - mais tout s'assoupit dans l'âme la plus robuste, et peut-être parce qu'elle est la plus robuste... La curiosité dévorante de savoir ce qui s'était passé après mon départ finit par me laisser tranquille. J'aurais pu depuis bien des années, et changé comme j'étais, revenir sans être reconnu dans cette petite ville-ci et m'informer du moins de ce qu'on savait, de ce qui y avait filtré de ma tragique aventure. Mais quelque chose qui n'est pas, certes, le respect de l'opinion, dont je me suis moqué toute ma vie, quelque chose qui ressemblait à cette peur que je ne voulais pas sentir une seconde fois, m'en a toujours empêché." Il se tut encore, ce dandy qui m'avait raconté, sans le moindre dandysme, une histoire d'une si triste réalité. Je rêvais sous l'impression de cette histoire, et je comprenais que ce brillant vicomte de Brassard, la fleur non des pois, mais des plus fiers pavots rouges du dandysme, le buveur grandiose de claret, à la manière anglaise, fût comme un autre, un homme plus profond qu'il ne paraissait. Le mot me revenait qu'il m'avait dit, en commençant, sur la tache noire qui, pendant toute sa vie, avait meurtri ses plaisirs de mauvais sujets... quand tout à coup, pour m'étonner davantage encore, il me saisit le bras brusquement - Tenez! - me dit-il, - voyez au rideau! L'ombre svelte d'une taille de femme venait d'y passer en s'y dessinant! - L'ombre d'Alberte! - fit le capitaine. - Le hasard est par trop moqueur ce soir, ajouta-t-il avec amertume. Le rideau avait déjà repris son carré vide, rouge et lumineux. Mais le charron, qui, pendant que le vicomte parlait, avait travaillé à son écrou, venait de terminer sa besogne. Les chevaux de relais étaient prêts et piaffaient, se sabotant de feu. Le conducteur de la voiture, bonnet d'astracan aux oreilles, registre aux dents, prit les longes et s'enleva, et une fois hissé sur sa banquette d'impériale, cria, de sa voix claire, le mot du commandement, dans la nuit "Roulez!" Et nous roulâmes, et nous eûmes bientôt dépassé la mystérieuse fenêtre, que je vois toujours dans mes rêves, avec son rideau cramoisi. Le plus bel amour de Don Juan I Le meilleur régal du diable, c'est une innocence. A. Il vit donc toujours, ce vieux mauvais sujet? - Par Dieu! s'il vit! - et par l'ordre de Dieu, Madame, fis-je en me reprenant, car je me souvins qu'elle était dévote, - et de la paroisse de Sainte-Clotilde encore, la paroisse des ducs! - Le roi est mort! Vive le roi! Disait-on sous l'ancienne monarchie avant qu'elle fût cassée, cette vieille porcelaine de Sèvres. Don Juan, lui, malgré toutes les démocraties, est un monarque qu'on ne cassera pas. - Au fait, le diable est immortel! dit-elle comme une raison qu'elle se serait donnée. - Il a même... - Qui?... le diable? ... - Non, Don Juan... soupé, il y a trois jours, en goguette. Devinez où?... - A votre affreuse Maison-d'Or, sans doute... - Fi donc, Madame! Don Juan n'y va plus... il n'y a rien là à fricasser pour sa grandesse. Le seigneur Don Juan a toujours été un peu comme ce fameux moine d'Arnaud de Brescia qui, racontent les Chroniques, ne vivait que du sang des âmes. C'est avec cela qu'il aime à roser son vin de Champagne, et cela ne se trouve plus depuis longtemps dans le cabaret des cocottes! - Vous verrez, - reprit-elle avec ironie, - qu'il aura soupé au couvent des Bénédictines, avec ces dames... - De l'Adoration perpétuelle, oui, Madame! Car l'adoration qu'il a inspirée une fois, ce diable d'homme! me fait l'effet de durer toujours. - Pour un catholique, je vous trouve profanant, - dit-elle lentement, mais un peu crispée, - et je vous prie de m'épargner le détail des soupers de vos coquines, si c'est une manière inventée par vous de m'en donner des nouvelles que de me parler, ce soir de Don Juan. - Je n'invente rien, Madame. Les coquines du souper en question, si ce sont des coquines, ne sont pas les miennes... malheureusement... - Assez, Monsieur! - Permettez-moi d'être modeste. C'étaient... - Les mille è trè?... - fit-elle, curieuse, se ravisant, presque revenue à l'amabilité. - Oh! pas toutes, Madame... Une douzaine seulement. C'est déjà , comme cela, bien assez honnête... - Et déshonnête aussi, - ajouta-t-elle. - D'ailleurs, vous savez aussi bien que moi qu'il ne peut pas tenir beaucoup de monde dans le boudoir de la comtesse de Chiffrevas. On a pu y faire des choses grandes; mais il est fort petit, ce boudoir... - Comment? - se récria-t-elle, étonnée. - C'est donc dans le boudoir qu'on aura soupé?... - Oui, Madame, c'est dans le boudoir. Et pourquoi pas? On dÃne bien sur un champ de bataille. On voulait donner un souper extraordinaire au seigneur Don Juan, et c'était plus digne de lui de le lui donner sur le théâtre de sa gloire, là où les souvenirs fleurissent à la place des orangers. Jolie idée, tendre et mélancolique! Ce n'était pas le bal des victimes; c'en était le souper. - Et Don Juan? - dit-elle, comme Orgon dit "Et Tartufe?" dans la pièce. - Don Juan a fort bien pris la chose et très bien soupé, Lui, tout seul, devant elles! dans la personne de quelqu'un que vous connaissez... et qui n'est pas moins que le comte Jules-Amédée-Hector de Ravila de Ravilès. - Lui! C'est bien, en effet, Don Juan, - dit-elle. Et, quoiqu'elle eût passé l'âge de la rêverie, cette dévote à bec et à ongles, elle se mit à rêver au comte Jules-Amédée-Hector, - à cet homme de race Juan, - de cette antique race Juan éternelle, à qui Dieu n'a pas donné le monde, mais a permis au diable de le lui donner. II Ce que je venais de dire à la vieille marquis Guy de Ruy était l'exacte vérité. Il y avait trois jours à peine qu'une douzaine de femmes du vertueux faubourg Saint-Germain qu'elles soient bien tranquilles, je ne les nommerai pas! lesquelles, toutes les douze, selon les douairières du commérage, avaient été du dernier bien vieille expression charmante avec le comte Ravila de Ravilès, s'étaient prises de l'idée singulière de lui offrir à souper, - à lui seul d'homme - pour fêter... quoi? elles ne le disaient pas. C'était hardi, qu'un tel souper; mais les femmes, lâches individuellement, en troupe sont audacieuses. Pas une peut-être de ce souper féminin n'aurait osé l'offrir chez elle, en tête à tête, au comte Jules-Amédée-Hector; mais ensemble, et s'épaulant toutes, les unes par les autres, elles n'avaient pas craint de faire la chaÃne du baquet de Mesmer autour de cet homme magnétique et compromettant, le comte de Ravila de Ravilès... - Quel nom! - Un nom providentiel, Madame... Le comte de Ravila de Ravilès, qui, par parenthèse, avait toujours obéi à la consigne de ce nom impérieux, était bien l'incarnation de tous les séducteurs dont il est parlé dans les romans et dans l'histoire, et la marquise Guy de Ruy - une vieille mécontente, aux yeux bleus, froids et affilés, mais moins froids que son coeur et moins affilés que son esprit, - convenait elle-même que, dans ce temps, où la question des femmes perd chaque jour de son importance, s'il y avait quelqu'un qui pût rappeler Don Juan, à coup sûr ce devait être lui! Malheureusement, c'était Don Juan au cinquième acte. Le prince de Ligne ne pouvait faire entrer dans sa spirituelle tête qu'Alcibiade eût jamais eu cinquante ans. Or, par ce côté-là encore, le comte de Ravila allait continuer toujours Alcibiade. Comme d'Orsay, ce dandy taillé dans le bronze de Michel-Ange, qui fut beau jusqu'à sa dernière heure, Ravila avait eu cette beauté particulière à la race Juan, - à cette mystérieuse race qui ne procède pas de père en fils, comme les autres, mais qui apparaÃt çà et là , à de certaines distances, dans les familles de l'humanité. C'était la vraie beauté, - la beauté insolente, joyeuse, impériale, juanesque enfin; le mot dit tout et dispense de la description; et - avait-il fait un pacte avec le diable? - il l'avait toujours... Seulement, Dieu retrouvait son compte; les griffes de tigre de la vie commençaient à lui rayer ce front divin, couronné des roses de tant de lèvres, et sur ses larges tempes impies apparaissaient les premiers cheveux blancs qui annoncent l'invasion prochaine des Barbares et la fin de l'Empire... Il les portait, du reste, avec l'impassibilité de l'orgueil surexcité par la puissance; mais les femmes qui l'avaient aimé les regardaient parfois avec mélancolie. Qui sait? elles regardaient peut-être l'heure qu'il était pour elles à ce front? Hélas, pour elles comme pour lui, c'était l'heure du terrible souper avec le froid Commandeur de marbre blanc, après lequel il n'y a plus que l'enfer, - l'enfer de la vieillesse, en attendant l'autre! Et voilà pourquoi peut-être, avant de partager avec lui ce souper amer et suprême, elles pensèrent à lui offrir le leur et qu'elles en firent un chef-d'oeuvre. Oui, un chef-d'oeuvre de goût, de délicatesse, de luxe patricien, de recherche, de jolies idées; le plus charmant, le plus délicieux, le plus friand, le plus capiteux, et surtout le plus original des soupers. Original! pensez donc! C'est ordinairement la joie, la soif de s'amuser qui donne à souper; mais ici, c'était le souvenir, c'était le regret, c'était presque le désespoir, mais le désespoir en toilette, caché sous des sourires ou sous des rires, et qui voulait encore cette fête ou cette folie dernière, encore cette escapade vers la jeunesse revenue pour une heure, encore cette griserie pour qu'il en fût fait à jamais!... Les Amphitryonnes de cet incroyable souper, si peu dans les moeurs trembleuses de la société à laquelle elles appartenaient, durent y éprouver quelque chose de ce que Sardanapale ressentit sur son bûcher, quand il y entassa, pour périr avec lui, ses femmes, ses esclaves, ses chevaux, ses bijoux, toutes les opulences de sa vie. Elles, aussi, entassèrent à ce souper brûlant toutes les opulences de la leur. Elles y apportèrent tout ce qu'elles avaient de beauté, d'esprit, de ressources, de parure, de puissance, pour les verser, en une seule fois, en ce suprême flamboiement. L'homme devant lequel elles s'enveloppèrent et se drapèrent dans cette dernière flamme, était plus à leurs yeux qu'aux yeux de Sardanapale toute l'Asie. Elles furent coquettes pour lui comme jamais femmes ne le furent pour aucun homme, comme jamais femmes ne le furent pour un salon plein; et cette coquetterie, elles l'embrasèrent de cette jalousie qu'on cache dans le monde et qu'elles n'avaient point besoin de cacher, car elles savaient toutes que cet homme avait été à chacune d'elles, et la honte partagée n'en est plus... C'était, parmi elles toutes, à qui graverait le plus avant son épitaphe dans son coeur. Lui, il eut, ce soir-là , la volupté repue, souveraine, nonchalante, dégustatrice du confesseur de nonnes et du sultan. Assis comme un roi - comme le maÃtre - au milieu de la table, en face de la comtesse de Chiffrevas, dans ce boudoir fleur de pêcher ou de... péché on n'a jamais bien su l'orthographe de la couleur de ce boudoir, le comte de Ravila embrassait de ses yeux, bleu d'enfer, que tant de pauvres créatures avaient pris pour le bleu du ciel, ce cercle rayonnant de douze femmes, mises avec génie, et qui, à cette table, chargée de cristaux, de bougies allumées et de fleurs, étalaient, depuis le vermillon de la rose ouverte jusqu'à l'or adouci de la grappe ambrée, toutes les nuances de la maturité. Il n'y avait pas là de ces jeunesses vert tendre, de ces petites demoiselles qu'exécrait Byron, qui sentent la tartelette et qui, par la tournure, ne sont encore que des épluchettes, mais tous étés splendides et savoureux, plantureux automnes, épanouissements et plénitudes, seins éblouissants battant leur plein majestueux au bord découvert des corsages, et, sous les camées de l'épaule nue, des bras de tout galbe, mais surtout des bras puissants, de ces biceps de Sabines qui ont lutté avec les Romains, et qui seraient capables de s'entrelacer, pour l'arrêter, dans les rayons de la roue du char de la vie. J'ai parlé d'idées. Une des plus charmantes de ce souper avait été de le faire servir par des femmes de chambre, pour qu'il ne fût pas dit que rien eût dérangé l'harmonie d'une fête dont les femmes étaient les seules reines, puisqu'elles en faisaient les honneurs... Le seigneur Don Juan - branche de Ravila - put donc baigner ses fauves regards dans une mer de chairs lumineuses et vivantes comme Rubens en met dans ses grasses et robustes peintures, mais il put plonger aussi son orgueil dans l'éther plus ou moins limpide, plus ou moins troublé de tous ces coeurs. C'est qu'au fond, et malgré tout ce qui pourrait empêcher de le croire, c'est un rude spiritualiste que Don juan! Il l'est comme le démon lui-même, qui aime les âmes encore plus que les corps, et qui fait même cette traite-là de préférence à l'autre, le négrier infernal! Spirituelles, nobles, du ton le plus faubourg Saint-Germain, mais ce soir-là hardies comme des pages de la maison du Roi quand il y avait une maison du Roi et des pages, elles furent d'un étincellement d'esprit, d'un mouvement, d'une verve et d'un brio incomparables. Elles s'y sentirent supérieures à tout ce qu'elles avaient été dans leurs plus beaux soirs. Elles y jouirent d'une puissance inconnue qui se dégageait du fond d'elles-mêmes, et dont jusque-là elles ne s'étaient jamais doutées. Le bonheur de cette découverte, la sensation des forces triplées de la vie; de plus, les influences physiques, si décisives sur les êtres nerveux, l'éclat des lumières, l'odeur pénétrante de toutes ces fleurs qui se pâmaient dans l'atmosphère chauffée par ces beaux corps aux effluves trop forts pour elles, l'aiguillon des vins provocants, l'idée de ce souper qui avait justement le mérite piquant du péché que la Napolitaine demandait à son sorbet pour le trouver exquis, la pensée enivrante de la complicité dans ce petit crime d'un souper risqué, oui! mais qui ne versa pas vulgairement dans le souper régence; qui resta un souper faubourg Saint-Germain et XIXe siècle, et où de tous ces adorables corsages, doublés de coeurs qui avaient vu le feu et qui aimaient à l'agacer encore, pas une épingle ne tomba; - toutes ces choses enfin, agissant à la fois, tendirent la harpe mystérieuse que toutes ces merveilleuses organisations portaient en elles, aussi fort qu'elle pouvait être tendue sans se briser, et elles arrivèrent à des octaves sublimes, à d'inexprimables diapasons... Ce dut être curieux, n'est-ce pas? Cette page inouïe de ses Mémoires, Ravila l'écrira-t-il un jour?... C'est une question mais lui seul peut l'écrire... Comme je le dis à la marquise Guy de Ruy, je n'étais pas à ce souper, et si j'en vais rapporter quelques détails et l'histoire par laquelle il finit, c'est que je les tiens de Ravila lui-même, qui, fidèle à l'indiscrétion traditionnelle et caractéristique de la race Juan, prit la peine, un soir de me les raconter. III Il était donc tard, - c'est-à -dire tôt! Le matin venait. Contre le plafond et à une certaine place des rideaux de soie rose du boudoir, hermétiquement fermés, on voyait poindre et rondir une goutte d'opale, comme un oeil grandissant, l'oeil du jour curieux qui aurait regardé par là ce qu'on faisait dans ce boudoir enflammé. L'alanguissement commençait à prendre les chevalières de cette Table-Ronde, ces soupeuses, si animées il n'y avait qu'un moment. On connaÃt ce moment-là de tous les soupers où la fatigue de l'émotion et de la nuit passée semble se projeter sur tout, sur les coiffures qui s'affaissent, les joues vermillonnées ou pâlies qui brûlent, les regards lassés dans les yeux cernés qui s'alourdissent, et même jusque sur les lumières élargies et rampantes des mille bougies des candélabres, ces bouquets de feu aux tiges sculptées de bronze et d'or. La conversation générale, longtemps faite d'entrain, partie de volant où chacun avait allongé son coup de raquette, s'était fragmentée, émiettée, et rien de distinct ne s'entendait plus dans le bruit harmonieux de toutes ces voix, aux timbres aristocratiques, qui se mêlaient et babillaient comme les oiseaux, à l'aube, sur la lisière d'un bois... quand l'une d'elles, - une voix de tête, celle-là ! - impérieuse et presque impertinente, comme doit l'être une voix de duchesse, dit tout à coup, par-dessus toutes les autres, au comte de Ravila, ces paroles qui étaient sans doute la suite et la conclusion d'une conversation, à voix basse, entre eux deux, que personne de ces femmes, qui causaient, chacune avec sa voisine, n'avait entendue - Vous qui passez pour le Don Juan de ce temps-ci, vous devriez nous raconter l'histoire de la conquête qui a le plus flatté votre orgueil d'homme aimé et que vous jugez, à cette lueur du moment présent, le plus bel amour de votre vie?... Et la question, autant que la voix qui parlait, coupa nettement dans le bruit toutes ces conversations éparpillées et fit subitement le silence. C'était la voix de la duchesse de ***. - Je ne lèverai pas son masque d'astérisques; mais peut-être la reconnaÃtrez-vous, quand je vous aurai dit que c'est la blonde la plus pâle de teint et de cheveux, et les yeux les plus noirs sous ses longs sourcils d'ambre, de tout le faubourg Saint-Germain. - Elle était assise, comme un juste à la droite de Dieu, à la droite du comte de Ravila, le dieu de cette fête, qui ne réduisait pas alors ses ennemis à lui servir de marche-pied; mince et idéale comme une arabesque et comme une fée, dans sa robe de velours vert aux reflets d'argent, dont la longue traÃne se tordait autour de sa chaise, et figurait assez bien la queue de serpent par laquelle se terminait la croupe charmante de Mélusine. - C'est là une idée! - fit la comtesse de Chiffrevas, comme pour appuyer, en sa qualité de maÃtresse de maison, le désir et la motion de la duchesse, - oui, l'amour de tous les amours, inspirés ou sentis, que vous voudriez le plus recommencer, si c'était possible. - Oh! je voudrais les recommencer tous! - fit Ravila avec cet inassouvissement d'Empereur romain qu'ont parfois ces blasés immenses. Et il leva son verre de champagne, qui n'était pas la coupe bête et païenne par laquelle on l'a remplacé, mais le verre élancé et svelte de nos ancêtres, qui est le vrai verre de champagne, - celui-là qu'on appelle une flûte, peut-être à cause des célestes, mélodies qu'il nous verse souvent au coeur. - Puis il étreignit d'un regard circulaire toutes ces femmes qui formaient autour de la table une si magnifique ceinture. - Et cependant, - ajouta-t-il en replaçant son verre devant lui avec une mélancolie étonnante pour un tel Nabuchodonosor qui n'avait encore mangé d'herbe que les salades à l'estragon du café Anglais, - et cependant c'est la vérité, qu'il y en a un entre tous les sentiments de la vie, qui rayonne toujours dans le souvenir plus fort que les autres, à mesure que la vie s'avance, et pour lequel on les donnerait tous! - Le diamant de l'écrin, - dit la comtesse de Chiffrevas songeuse, qui regardait peut-être dans les facettes du sien. - ... Et de la légende de mon pays, - reprit à son tour la princesse Jable... qui est du pied des monts Ourals, - ce fameux et fabuleux diamant, rose d'abord, qui devient noir ensuite, mais qui reste diamant, plus brillant encore noir que rose... - Elle dit cela avec le charme étrange qui est en elle, cette Bohémienne! car c'est une Bohémienne, épousée par amour par le plus beau prince de l'émigration polonaise, et qui a l'air aussi princesse que si elle était née sous les courtines des Jagellons. Alors, ce fut une explosion! "Oui, - firent-elles toutes. - Dites-nous cela, comte!" ajoutèrent-elles passionnément, suppliantes déjà , avec les frémissements de la curiosité jusque dans les frisons de leurs cous, par derrière; se tassant, épaule contre épaule; les unes la joue dans la main, le coude sur la table; les autres, renversées au dossier des chaises, l'éventail déplié sur la bouche; le fusillant toutes de leurs yeux émerillonnés et inquisiteurs. - Si vous le voulez absolument..., - dit le comte, avec la nonchalance d'un homme qui sait que l'attente exaspère le désir. - Absolument! dit la duchesse en regardant comme un despote turc aurait regardé le fil de son sabre - le fil d'or de son couteau de dessert. - Ecoutez donc, - acheva-t-il, toujours nonchalant. Elles se fondaient d'attention, en le regardant. Elles le buvaient et le mangeaient des yeux. Toute histoire d'amour intéresse les femmes; mais qui sait? peut-être le charme de celle-ci était-il, pour chacune d'elles, la pensée que l'histoire qu'il allait raconter pouvait être la sienne... Elles le savaient trop gentilhomme et de trop grand monde pour n'être pas sûres qu'il sauverait les noms et qu'il épaissirait, quand il le faudrait, les détails par trop transparents; et cette idée, cette certitude leur faisait d'autant plus désirer l'histoire. Elles en avaient mieux que le désir; elles en avaient l'espérance. Leur vanité se trouvait des rivales dans ce souvenir évoqué comme le plus beau souvenir de la vie d'un homme, qui devait en avoir de si beaux et de si nombreux! Le vieux sultan allait jeter une fois de plus le mouchoir... que nulle main ne ramasserait, mais que celle à qui il serait jeté sentirait tomber silencieusement dans son coeur... Or voici, avec ce qu'elles croyaient, le petit tonnerre inattendu qu'il fit passer sur tous ces fronts écoutants IV "J'ai ouï dire souvent à des moralistes, grands expérimentateurs de la vie, - dit le comte de Ravila, - que le plus fort de tous nos amours n'est ni le premier, ni le dernier, comme beaucoup le croient; c'est le second. Mais en fait d'amour, tout est vrai et tout est faux, et, du reste, cela n'aura pas été pour moi... Ce que vous me demandez, Mesdames, et ce que j'ai, ce soir, à vous raconter, remonte au plus bel instant de ma jeunesse. Je n'étais plus précisément ce qu'on appelle un jeune homme, mais j'étais un homme jeune, et, comme disait un vieil oncle à moi, chevalier de Malte, pour désigner cette époque de la vie, "j'avais fini mes caravanes". En pleine force donc, je me trouvais en pleine relation aussi, comme on dit si joliment en Italie, avec une femme que vous connaissez toutes et que vous avez toutes admirée..." Ici le regard que se jetèrent en même temps, chacune à toutes les autres, ce groupe de femmes qui aspiraient les paroles de ce vieux serpent, fut quelque chose qu'il faut avoir vu, car c'est inexprimable. "Cette femme était bien, - continua Ravila, - tout ce que vous pouvez imaginer de plus distingué, dans tous les sens que l'on peut donner à ce mot. Elle était jeune, riche, d'un nom superbe, belle, spirituelle, d'une large intelligence d'artiste, et naturelle avec cela, comme on l'est dans votre monde, quand on l'est... D'ailleurs, n'ayant, dans ce monde-là , d'autre prétention que celle de me plaire et de se dévouer; que de me paraÃtre la plus tendre des maÃtresses et la meilleure des amies. Je n'étais pas, je crois, le premier homme qu'elle eût aimé... Elle avait déjà aimé une fois, et ce n'était pas son mari; mais ç'avait été vertueusement, platoniquement, utopiquement, de cet amour qui exerce le coeur plus qu'il ne le remplit; qui en prépare les forces pour un autre amour qui doit toujours bientôt le suivre; de cet amour d'essai, enfin, qui ressemble à la messe blanche que disent les jeunes prêtres pour s'exercer à dire, sans se tromper, la vraie messe, la messe consacrée... Lorsque j'arrivai dans sa vie, elle n'en était encore qu'à la messe blanche. C'est moi qui fus la véritable messe, et elle la dit alors avec toutes les cérémonies de la chose et somptueusement, comme un cardinal." A ce mot-là , le plus joli rond de sourires tourna sur ces douze délicieuses bouches attentives, comme une ondulation circulaire sur la surface limpide d'un lac... Ce fut rapide, mais ravissant! "C'était vraiment un être à part! - reprit le comte. - J'ai vu rarement plus de bonté vraie, plus de pitié, plus de sentiments excellents, jusque dans la passion qui, comme vous le savez, n'est pas toujours bonne. Je n'ai jamais vu moins de manège, moins de pruderie et de coquetterie, ces deux choses si souvent emmêlées dans les femmes, comme un écheveau dans lequel la griffe du chat aurait passé... Il n'y avait point de chat en celle-ci... Elle était ce que ces diables de faiseurs de livres, qui nous empoisonnent de leurs manières de parler, appelleraient une nature primitive, parée par la civilisation; mais elle n'en avait que les luxes charmants, et pas une seule de ces petites corruptions qui nous paraissent encore plus charmantes que ces luxes..." - Etait-elle brune? - interrompit tout à coup et à brûle-pourpoint la duchesse, impatientée de toute cette métaphysique. - Ah! vous n'y voyez pas assez clair! - dit Ravila finement. - Oui, elle était brune, brune de cheveux jusqu'au noir le plus jais, le plus miroir d'ébène que j'aie jamais vu reluire sur la voluptueuse convexité lustrée d'une tête de femme, mais elle était blonde de teint, - et c'est au teint et non aux cheveux qu'il faut juger si on est brune ou blonde, - ajouta le grand observateur, qui n'avait pas étudié les femmes seulement pour en faire des portraits. - C'était une blonde aux cheveux noirs... Toutes les têtes blondes de cette table, qui ne l'étaient, elles, que de cheveux, firent un mouvement imperceptible. Il était évident que pour elles l'intérêt de l'histoire diminuait déjà . "Elle avait les cheveux de la Nuit, - reprit Ravila, - mais sur le visage de l'Aurore, car son visage resplendissait de cette fraÃcheur incarnadine, éblouissante et rare, qui avait résisté à tout dans cette vie nocturne de Paris dont elle vivait depuis des années, et qui brûle tant de roses à la flamme de ses candélabres. Il semblait que les siennes s'y fussent seulement embrasées, tant sur ses joues et sur ses lèvres le carmin en était presque lumineux! Leur double éclat s'accordait bien, du reste, avec le rubis qu'elle portait habituellement sur le front, car, dans ce temps-là , on se coiffait en ferronnière, ce qui faisait dans son visage, avec ses deux yeux incendiaires dont la flamme empêchait de voir la couleur, comme un triangle de trois rubis! Elancée, mais robuste, majestueuse même, taillée pour être la femme d'un colonel de cuirassiers, - son mari n'était alors chef d'escadron que dans la cavalerie légère, - elle avait, toute grande dame qu'elle fût, la santé d'une paysanne qui boit du soleil par la peau, et elle avait aussi l'ardeur de ce soleil bu, autant dans l'âme que dans les veines, - oui, présente et toujours prête... Mais voici où l'étrange commençait! Cet être puissant et ingénu, cette nature purpurine et pure comme le sang qui arrosait ses belles joues et rosait ses bras, était... le croirez-vous? maladroite aux caresses..." Ici quelques yeux se baissèrent, mais se relevèrent, malicieux... "Maladroite aux caresses comme elle était imprudente dans la vie, - continua Ravila, qui ne pesa pas plus que cela sur le renseignement. - Il fallait que l'homme qu'elle aimait lui enseignât incessamment deux choses qu'elle n'a jamais apprises, du reste... à ne pas se perdre vis-à -vis d'un monde toujours armé et toujours implacable, et à pratiquer dans l'intimité le grand art de l'amour, qui empêche l'amour de mourir. Elle avait cependant l'amour; mais l'art de l'amour lui manquait... C'était le contraire de tant de femmes qui n'en ont que l'art! Or, pour comprendre et appliquer la politique du Prince, il faut être déjà Borgia. Borgia précède Machiavel. L'un est poète; l'autre, le critique. Elle n'était nullement Borgia. C'était une honnête femme amoureuse, naïve, malgré sa colossale beauté, comme la petite fille du dessus de porte, qui, ayant soif, veut prendre dans sa main de l'eau de la fontaine, et qui, haletante, laisse tout tomber à travers ses doigts, et reste confuse... C'était presque joli, du reste, que le contraste de cette confusion et de cette gaucherie avec cette grande femme passionnée, qui, à la voir dans le monde, eût trompé tant d'observateurs, - qui avait tout de l'amour, même le bonheur, mais qui n'avait pas la puissance de le rendre comme on le lui donnait. Seulement je n'étais pas alors assez contemplateur pour me contenter de ce joli d'artiste, et c'est même la raison qui, à certains jours, la rendait inquiète, jalouse et violente, - tout ce qu'on est quand on aime, et elle aimait! - Mais, jalousie, inquiétude, violence, tout cela mourait dans l'inépuisable bonté de son coeur, au premier mal qu'elle voulait ou qu'elle croyait faire, maladroite à la blessure comme à la caresse! Lionne, d'une espèce inconnue, qui s'imaginait avoir des griffes, et qui, quand elle voulait les allonger, n'en trouvait jamais dans ses magnifiques pattes de velours. C'est avec du velours qu'elle égratignait! - Où va-t-il en venir? - dit la comtesse de Chiffrevas à sa voisine, - car, vraiment, ce ne peut pas être là le plus bel amour de Don Juan! Toutes ces compliquées ne pouvaient croire à cette simplicité! "Nous vivions donc, - dit Ravila, - dans une intimité qui avait parfois des orages, mais qui n'avait pas de déchirements, et cette intimité n'était, dans cette ville de province qu'on appelle Paris, un mystère pour personne... La marquise... elle était marquise..." Il y en avait trois à cette table, et brunes de cheveux aussi. Mais elles ne cillèrent pas. Elles savaient trop que ce n'était pas d'elles qu'il parlait... Le seul velours qu'elles eussent, à toutes les trois, était sur la lèvre supérieure de l'une d'elles, - lèvre voluptueusement estompée, qui, pour le moment, je vous jure, exprimait pas mal de dédain. "... Et marquise trois fois, comme les pachas peuvent être pachas à trois queues! continua Ravila, à qui la verve venait. La marquise était de ces femmes qui ne savent rien cacher et qui, quand elles le voudraient, ne le pourraient pas. Sa fille même, une enfant de treize ans, malgré son innocence, ne s'apercevait que trop du sentiment que sa mère avait pour moi. Je ne sais quel poète a demandé ce que pensent de nous les filles dont nous avons aimé les mères. Question profonde! que je me suis souvent faite quand je surprenais le regard d'espion, noir et menaçant, embusqué sur moi, du fond des grands yeux sombres de cette fillette. Cette enfant, d'une réserve farouche, qui le plus souvent quittait le salon quand je venais et qui se mettait le plus loin possible de moi quand elle était obligée d'y rester, avait pour ma personne une horreur presque convulsive... qu'elle cherchait à cacher en elle, mais qui, plus forte qu'elle, la trahissait... Cela se révélait dans d'imperceptibles détails, mais dont pas un ne m'échappait. La marquise, qui n'était pourtant pas une observatrice, me disait sans cesse "Il faut prendre garde, mon ami. Je crois ma fille jalouse de vous..." "J'y prenais garde beaucoup plus qu'elle. Cette petite aurait été le diable en personne, je l'aurais bien défiée de lire dans mon jeu... Mais le jeu de sa mère était transparent. Tout se voyait dans le miroir pourpre de ce visage, si souvent troublé! A l'espèce de haine de la fille, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle avait surpris le secret de sa mère à quelque émotion exprimée, dans quelque regard trop noyé, involontairement, de tendresse. C'était, si vous voulez le savoir, une enfant chétive, parfaitement indigne du moule splendide d'où elle était sortie, laide, même de l'aveu de sa mère, qui ne l'en aimait que davantage; une petite topaze brûlée... que vous dirai-je? une espèce de maquette en bronze, mais avec des yeux noirs... Une magie! Et qui, depuis..." Il s'arrêta après cet éclair... comme s'il avait voulu l'éteindre et qu'il en eût trop dit... L'intérêt était revenu général, perceptible, tendu, à toutes les physionomies, et la comtesse avait dit même entre ses belles dents le mot de l'impatience éclairée "Enfin!" V "Dans les commencements de ma liaison avec sa mère, - reprit le comte de Ravila, - j'avais eu avec cette petite fille toutes les familiarités caressantes qu'on a avec tous les enfants... Je lui apportais des sacs de dragées. Je l'appelais "petite masque", et très souvent, en causant avec sa mère, je m'amusais à lui lisser son bandeau sur la tempe, - un bandeau de cheveux malades, noirs, avec des reflets d'amadou, - mais "la petite masque", dont la grande bouche avait un joli sourire pour tout le monde, recueillait, repliait son sourire pour moi, fronçait âprement ses sourcils, et, à force de se crisper, devenait d'une "petite masque" un vrai masque ridé de cariatide humiliée, qui semblait, quand ma main passait sur son front, porter le poids d'un entablement sous ma main. Aussi bien, en voyant cette maussaderie toujours retrouvée à la même place et qui semblait une hostilité, j'avais fini par laisser là cette sensitive, couleur de souci, qui se rétractait si violemment au contact de la moindre caresse... et je ne lui parlais même plus! "Elle sent bien que vous la volez, - me disait la marquise. - Son instinct lui dit que vous lui prenez une portion de l'amour de sa mère." Et quelquefois, elle ajoutait dans sa droiture "C'est ma conscience que cette enfant, et mon remords, sa jalousie." Un jour, ayant voulu l'interroger sur cet éloignement profond qu'elle avait pour moi, la marquise n'en avait obtenu que ces réponses brisées, têtues, stupides, qu'il faut tirer, avec un tire-bouchon d'interrogations répétées, de tous les enfants qui ne veulent rien dire... "Je n'ai rien... je ne sais pas", et voyant la dureté de ce petit bronze, elle avait cessé de lui faire des questions, et, de lassitude, elle s'était détournée... J'ai oublié de vous dire que cette enfant bizarre était très dévote, d'une dévotion sombre, espagnole, moyen âge, superstitieuse. Elle tordait autour de son maigre corps toutes sortes de scapulaires et se plaquait sur sa poitrine, unie comme le dos de la main, et autour de son cou bistré, des tas de croix, de bonnes Vierges et de Saint-Esprits! "Vous êtes malheureusement un impie, - me disait la marquise. - Un jour, en causant, vous l'aurez peut-être scandalisée. Faites attention à tout ce que vous dites devant elle, je vous en supplie. N'aggravez pas mes torts aux yeux de cet enfant envers qui je me sens déjà si coupable!" Puis, comme la conduite de cette petite ne changeait point, ne se modifiait point "Vous finirez par la haïr, - ajoutait la marquise inquiète, - et je ne pourrai pas vous en vouloir." Mais elle se trompait je n'étais qu'indifférent pour cette maussade fillette, quand elle ne m'impatientait pas. J'avais mis entre nous la politesse qu'on a entre grandes personnes, et entre grandes personnes qui ne s'aiment point. Je la traitais avec cérémonie, l'appelant gros comme le bras "Mademoiselle", et elle me renvoyait un "Monsieur" glacial. Elle ne voulait rien faire devant moi qui pût la mettre, je ne dis pas en valeur, mais seulement en dehors d'elle-même... Jamais sa mère ne put la décider à me montrer un de ses dessins, ni à jouer devant moi un air de piano. Quand je l'y surprenais, étudiant avec beaucoup d'ardeur et d'attention, elle s'arrêtait court, se levait du tabouret et ne jouait plus... Une seule fois, sa mère l'exigeant il y avait du monde, elle se plaça devant l'instrument ouvert avec un de ces airs victime qui, je vous assure, n'avait rien de doux, et elle commença je ne sais quelle partition avec des doigts abominablement contrariés. J'étais debout à la cheminée, et je la regardais obliquement. Elle avait le dos tourné de mon côté, et il n'y avait pas de glace devant elle dans laquelle elle pût voir que je la regardais... Tout à coup son dos elle se tenait habituellement mal, et sa mère lui disait souvent "Si tu te tiens toujours ainsi, tu finiras par te donner une maladie de poitrine", tout à coup son dos se redressa, comme si je lui avais cassé l'épine dorsale avec mon regard comme avec une balle; et abattant violemment le couvercle du piano, qui fit un bruit effroyable, en tombant, elle se sauva du salon... On alla la chercher; mais ce soir-là , on ne put jamais l'y faire revenir. Eh bien, il paraÃt que les hommes les plus fats ne le sont jamais assez, car la conduite de cette ténébreuse enfant, qui m'intéressait si peu, ne me donna rien à penser sur le sentiment qu'elle avait pour moi. Sa mère, non plus. Sa mère, qui était jalouse de toutes les femmes de son salon, ne fut pas plus jalouse que je n'étais fat avec cette petite fille, qui finit par se révéler dans un de ces faits que la marquise, l'expansion même dans l'intimité, pâle encore de la terreur qu'elle avait ressentie, et riant aux éclats de l'avoir éprouvée, eut l'imprudence de me raconter." Il avait souligné, par inflexion, le mot d'imprudence comme eût fait le plus habile acteur et en homme qui savait que tout l'intérêt de son histoire ne tenait plus qu'au fil de ce mot-là ! Mais cela suffisait apparemment, car ces douze beaux visages de femmes s'étaient renflammés d'un sentiment aussi intense que les visages des Chérubins devant le trône de Dieu. Est-ce que le sentiment de la curiosité chez les femmes n'est pas aussi intense que le sentiment de l'adoration chez les Anges?... Lui, les regarda tous, ces visages de Chérubins qui ne finissaient pas aux épaules, et les trouvant à point, sans doute, pour ce qu'il avait à leur dire, il reprit vite et ne s'arrêta plus "Oui, elle riait aux éclats, la marquise, rien que d'y penser! - me dit-elle à quelque temps de là , lorsqu'elle me rapporta la chose; mais elle n'avait pas toujours ri! - "Figurez-vous, - me conta-t-elle je tâcherai de me rappeler ses propres paroles, - que j'étais assise là où nous sommes maintenant." - C'était sur une de ces causeuses qu'on appelait des dos-à -dos, le meuble le mieux inventé pour se bouder et se raccommoder sans changer de place. - Mais vous n'étiez pas où vous voilà , heureusement! quand on m'annonça... devinez qui?... vous ne le devineriez jamais... M. le curé de Saint-Germain-des-Prés. Le connaissez-vous?... Non! Vous n'allez jamais à la messe, ce qui est très mal... Comment pourriez-vous donc connaÃtre ce pauvre vieux curé qui est un saint, et qui ne met le pied chez aucune femme de sa paroisse, sinon quand il s'agit d'une quête pour ses pauvres ou pour son église? Je crus tout d'abord que c'était pour cela qu'il venait. Il avait dans le temps fait faire sa première communion à ma fille, et elle, qui communiait souvent, l'avait gardé pour confesseur. Pour cette raison, bien des fois, depuis ce temps-là , je l'avais invité à dÃner, mais en vain. Quand il entra, il était extrêmement troublé, et je vis sur ses traits, d'ordinaire si placides, un embarras si peu dissimulé et si grand, qu'il me fut impossible de le mettre sur le compte de la timidité toute seule, et que je ne pus m'empêcher de lui dire pour première parole Eh! mon Dieu! qu'y a-t-il; monsieur le curé? - Il y a, - me dit-il, - Madame, que vous voyez l'homme le plus embarrassé qu'il y ait au monde. Voilà plus de cinquante ans que je suis dans le saint ministère, et je n'ai jamais été chargé d'une commission plus délicate et que je comprisse moins que celle que j'ai à vous faire..." - "Et il s'assit, me demanda de faire fermer ma porte tout le temps de notre entretien. Vous sentez bien que toutes ces solennités m'effrayaient un peu... Il s'en aperçut. - Ne vous effrayez pas à ce point, Madame, - reprit-il; - vous avez besoin de tout votre sang-froid pour m'écouter et pour me faire comprendre, à moi, la chose inouïe dont il s'agit, et qu'en vérité je ne puis admettre... Mademoiselle votre fille, de la part de qui je viens, est, vous le savez comme moi, un ange de pureté et de piété. Je connais son âme. Je la tiens dans mes mains depuis son âge de sept ans, et je suis persuadé qu'elle se trompe... à force d'innocence peut-être... Mais, ce matin, elle est venue me déclarer en confession qu'elle était, vous ne le croirez pas, Madame, ni moi non plus, mais il faut bien dire le mot... enceinte!" - "Je poussai un cri... - J'en ai poussé un comme vous dans mon confessionnal, ce matin, reprit le curé, à cette déclaration faite par elle avec toutes les marques du désespoir le plus sincère et le plus affreux! Je sais à fond cette enfant. Elle ignore tout de la vie et du péché... C'est certainement de toutes les jeunes filles que je confesse celle dont je répondrais le plus devant Dieu. Voilà tout ce que je puis vous dire! Nous sommes, nous autres prêtres, les chirurgiens des âmes, et il nous faut les accoucher des hontes qu'elles dissimulent, avec des mains qui ne les blessent ni ne les tachent. Je l'ai donc, avec toutes les précautions possibles, interrogée, questionnée, pressée de questions, cette enfant au désespoir, mais qui, une fois la chose dite, la faute avouée, qu'elle appelle un crime et sa damnation éternelle, car elle se croit damnée, la pauvre fille! ne m'a plus répondu et s
Bonjoura tous ! J ai un chien age d un an, croise berger allemand, qui subit des crises d epilepsie depuis 3 jours, a raison d environ 10 par jour.
Rares sont les visites chez le vétérinaire qui ne se terminent pas par une prescription. C’est là que les ennuis commencent car les chiens ne sont pas toujours coopératifs pour prendre leur traitement et les maîtres redoutent le moment où il faudra leur administrer. Quelques conseils pour que cela se passe bien. Donner un cachet à son chien évitez d’en faire un drame Vous n’y couperez pas, il arrivera bien un moment dans la vie de votre chien où celui-ci devra prendre des médicaments, ne serait-ce que dans le cadre de soins de prévention. La chose à ne surtout pas faire, c’est surprendre l’animal et vous jeter à toute la famille sur lui pour le contraindre à avaler ses pilules. Cela fonctionnera une fois et il y a de fortes chances pour qu’il en garde un souvenir traumatisant. De plus, vous pourriez être amenés à le blesser. Evitez aussi les cris, voire les gestes violents. Mieux vaut associer la prise d’un traitement à un moment agréable. Attendez pour cela qu’il soit apaisé couché dans son panier par exemple, évitez de lui courir après à travers toute la maison, privilégiez les caresses et une voix douce. N’oubliez pas que s’il sent que vous êtes calme, il le sera aussi. Des médicaments de plus en plus faciles à donner Les gouttes dans les oreilles ou dans les yeux ne posent pas de difficulté particulière. Serrez sans forcer votre animal entre vos jambes et en quelques secondes l’opération sera terminée. Faciles aussi, les traitements sous forme de poudre type sucre que certains chiens acceptent même de prendre tels quels. La solution la plus simple reste de les diluer dans leur eau ou de les saupoudrer sur leur nourriture. Pensez quand même à vérifier que cela est possible en consultant la notice de chaque médicament. Autre règle élémentaire, veillez à respecter les doses prescrites qui sont généralement fonction du poids de l’animal. De plus en plus, les vétérinaires privilégient les médicaments sous forme liquide, à administrer au moyen d’une pipette ou seringue. Pour tenir votre chien, attrapez soit la peau supérieure de son cou comme pour le soulever, soit la partie supérieure de son museau en la pointant vers le haut. Enfoncez légèrement la pipette sur le côté de sa gueule et faites couler doucement le liquide en laissant le temps à votre chien de l’avaler. Soyez ferme mais jamais brutal. Soyez malin Si votre chien se laisse manipuler sans broncher et prend son traitement de bon gré, vous êtes un maître chanceux. Sinon, vous allez devoir développer des techniques pour tromper sa vigilance, surtout s’il s’agit de lui faire avaler une pilule. Le meilleur moyen reste de l’introduire dans un morceau de viande ou de la noyer dans sa pâtée. Néanmoins, il vous faudra vérifier que le comprimé a bien été consommé. Sinon vous devrez lui faire avaler directement en le plaçant le plus loin possible dans sa gueule et en l’aidant à l’avaler en massant légèrement sa gorge.
Appuyersur les joues avec les doigts d’une main en tenant le cachet avec l’autre. Quand il ouvre la gueule, y mettre le cachet et le laisser fermer la gueule et avaler. 2) Ramasser le cachet et récupérer le chat derrière le canapé et répéter le point 1) 3) Récupérer le chat dans la chambre et jeter le cachet humide.
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Pourdonner un comprimé à un animal, il est préférable de l’aborder par derrière la tête, bloquer la mâchoire supérieure avec une main et ouvrir la gueule en appuyant derrière les deux crocs. Il suffit d’écarter les deux mâchoires, mettre le cachet sous la langue puis refermer la gueule de l’animal pour qu’il l’avale par la déglutition.
1 garder la langue Angélique sentit son cœur s'arrêter. Devait-elle se confesser entièrement à sa grande protectrice? Elle en fut tentée, mais se rappela à temps combien celle-ci était gaffeuse et incapable de garder sa langue. Il valait donc mieux attendre et demander avis à Desgrez. A. et S. Golon, Angélique, Marquise des Anges. — Анжелике показалось, что сердце у нее останавливается. Следовало ли ей открыться полностью своей влиятельной покровительнице? Ей очень этого хотелось, но она вовремя вспомнила, как та бестактна и неспособна держать язык за зубами. Следовательно, лучше было подождать и спросить мнение Дегрэ. Dictionnaire français-russe des idiomes > garder la langue 2 garder Dictionnaire français-russe des idiomes > garder 3 langue Dictionnaire français-russe des idiomes > langue 4 garder 1. стере́чь*/по= ; сторожи́ть ; карау́лить ; охраня́ть ; наблюда́ть за +, следи́ть за +, присма́тривать/присмотре́ть ◄-трю, -'ит► за + ; garder des prisonniers — стере́чь заключённых, gardez-moi ma place! — постереги́те моё ме́сто! ; le chien garde le troupeau — соба́ка стережёт ста́до; les soldats gardent l'entrée — солда́ты охраня́ют вход; garder un immeuble — сто́рожить дом; garder des élèves dans la cour — присма́тривать за учени́ками во дворе́ le bercer garde les vaches — пасту́х пасёт коро́в; garder des moutons — сторожи́ть ове́ц un fort garde la vallée — форт охраня́ет вход в доли́ну il garder à vue — устана́вливать/установи́ть надзо́р за, над +, не спуска́ть глаз с + G, не упуска́ть/не упусти́ть из ви́ду; être garde à vue — быть под аре́стом; находи́ться под надзо́ром; ● Dieu vous garde! — упаси́ бог!; Dieu vous garde de — упаси́ вас бог от + G + Dieu vous garde de faire cette bêtise! — упаси́ вас бог ∫ от э́той глу́пости !2. храни́ть , бере́чь* ; сохраня́ть/сохрани́ть ; оставля́ть/оста́вить ; держа́ться ◄-жу-, -'ит-► + G; соблюда́ть observer; il garde tous ses journaux — он храни́т все [свои́] газе́ты; garder du grain pour semer — оставля́ть зерно́ для посе́ва; garder la trace de qch. — храни́ть след чего́-л. ; garder un secret — храни́ть та́йну; gardez cela pour vous! — оста́вьте э́то себе́! ; ils ont gardé leur langue et leurs coutumes — они́ сохраня́ли язы́к и обы́чаи; garder une copie — храни́ть ко́пию ; garder l'anonymat — сохраня́ть инко́гнито; garder une impression ses illusions, ses habitudes — сохраня́ть впечатле́ние иллю́зии, привы́чки; je lui garde une grande reconnaissance — я пита́ю к нему́ глубо́кую призна́тельность; j'en ai gardé un excellent souvenir ∑ — у меня́ сохрани́лись об э́том наилу́чшие воспомина́ния; garder son sang-froid son sérieux — сохраня́ть хладнокро́вие серьёзность; garder le plus facile pour la fin. — оста́вить са́мое лёгкое напосле́док; garder sa droite — держа́ться пра́вой стороны́; garder son rang — подде́рживать/поддержа́ть своё положе́ние; garder la mesure — облада́ть чу́вством ме́ры; garder une discrétion absolue — храни́ть гробово́е молча́ние; garder le silence — молча́ть ; garder le silence sur qch. — ума́лчивать/умолча́ть о чём-л.; il n'a rien gardé de ses origines — он ничего́ не унасле́довал от пре́дков; ● garder une dent contre qn. — име́ть зуб на кого́-л.; garder pour la bonne bouche — оста́вить на заку́ску; garder une poire pour sa soif — приберега́ть/прибере́чь что-л. на чёрный день; garder le juste milieu — держа́ться середи́ны gardez les yeux fermés! — держи́те глаза́ закры́тыми!, не открыва́йте глаза́!4. не снима́ть/не снять ◄сни́мут -'ет, -ла►; je garde mon manteau, il fait froid — я бу́ду в пальто́, хо́лодно5. остава́ться ◄-таю́-, -ёт-►/оста́ться ◄-'ну-►; garder le lit — не встава́ть с посте́ли6. уде́рживать/удержа́ть, держа́ть ; продержа́ть ; оставля́ть; le médecin m'a gardé une heure — до́ктор продержа́л меня́ це́лый час; il nous a gardés à dîner — он оста́вил нас у́жинать - se garder - gardé Dictionnaire français-russe de type actif > garder 5 tenir Dictionnaire français-russe des idiomes > tenir 6 donner Dictionnaire français-russe des idiomes > donner 7 savoir Dictionnaire français-russe des idiomes > savoir 8 bon 1. m; adj f - bonne Dictionnaire français-russe des idiomes > bon 9 chien Dictionnaire français-russe des idiomes > chien 10 cœur Dictionnaire français-russe des idiomes > cœur 11 aller Dictionnaire français-russe des idiomes > aller 12 faire
Commentfaire avaler un cachet à un chat ? Mélanger le vermifuge à son alimentation. Si votre animal refuse de l’avaler et se montre trop défensif, une autre solution consiste à broyer le comprimé avec le dos d’une cuillère, puis à le mélanger dans une nourriture qu’il apprécie, comme de la pâtée ou une friandise.
Ingestion de comprimés ou de gélules Buvez de l’eau pour lubrifier les parois de votre gorge. Inclinez légèrement la tête en arrière et placez le comprimé sur le dos de votre langue. Prenez une gorgée d’eau. Avalez, baissez le menton lentement. Comment ouvrir la gueule d’un chien ?Comment donner un médicament à un chien avec une seringue ?Quel antibiotique humain pour chien ?Quel Anti-inflammatoire humain pour chien ?Vidéo TUTO donner facilement un médicament à un chienComment apprendre à un enfant à avaler un comprimé ?Comment faire avaler un cachet à son chien ?Est-ce que je peux donner du Doliprane à un chien ?Pourquoi il ne faut pas croquer un comprimé ? Comment ouvrir la gueule d’un chien ? Pour ce faire, installez-le d’abord confortablement, puis placez votre main autour de votre museau et pointez-le doucement vers le haut. Sur le même sujet Découvrez les meilleures manieres de guérir de la grippe h1n1. D’un mouvement ferme mais doux, vous l’ouvrez en appuyant sur vos lèvres ou, plus précisément, à la hauteur des lèvres. Comment laisser partir le chien ? Si vous jouez et que votre chien a un jouet dans la gueule, dites lâche ! » Ou » donner! », et mettez-le tout de suite dans sa bouche n’attendez pas qu’il ouvre la bouche. Pour manger le bonbon, le chien est obligé de lâcher l’objet. Comment donner du feu à un chien ? Le charbon de bois est disponible sous plusieurs formes pour être consommé sous forme de poudre, de capsule, de granulé ou de capsule molle. Vous pouvez le saupoudrer sur la ration de votre chien ou le donner directement dans votre bouche. Il est recommandé de lui donner en moyenne 1 gélule 1 à 2 fois par jour pendant 2 semaines. A lire également Les 20 Conseils pratiques pour deduire arret maladie nounou Xls medical comment le prendre Comment consulter facilement son dossier médical global Découvrez les meilleures façons de soulager courbatures grippe Conseils pour comprendre la psychologie humaine Comment donner un médicament à un chien avec une seringue ? Donner un liquide au chien La première consiste à glisser le bout de la seringue derrière le chien dans l’espace entre les dents, en maintenant la gueule du chien plus ou moins fermée. Sur le même sujet Notre conseil pour donner un medicament a un lapin. Le liquide doit ensuite être pressé progressivement, en s’assurant que le chien l’avale. Comment donner un gros tampon à un chien ? La façon la plus simple de donner un médicament à votre chien est d’insérer le comprimé dans sa gorge. Pour ce faire, installez-le d’abord confortablement, puis placez votre main autour de votre museau et pointez-le doucement vers le haut. Comment donner un tampon à un chien qui refuse ? Si le comprimé est délicieux », offrez-le directement à votre chien, dans sa main ou caché entre sa nourriture. Si le chien refuse le comprimé entier, rusez écrasez-le et mélangez la poudre obtenue avec du fromage sorte de fromage lubrifiant ou du pâté. Comment donner un médicament liquide à votre chien ? Votre chien contrôle-t-il les vers combien de fois par an ? Pour la première fois 15 jours après leur naissance. Puis toutes les 2 semaines jusqu’à 2 mois. Puis une fois par mois pendant 2 mois à 6 mois. Après 6 mois, il est basé sur le protocole de déparasitage pour chien adulte. Quel antibiotique humain pour chien ? L’exemple le plus connu utilisé chez l’homme et le chien est l’amoxicilline en association avec l’acide clavulanique, qui augmente l’effet de l’antibiotique. Lire aussi Les 5 Conseils pratiques pour récupérer un dossier médical quand le médecin retraite. Quel anti-inflammatoire humain puis-je donner à mon chien ? Oubliez le dolipan, que nous avons l’habitude de prendre au moindre effort ! Mais alors quel genre de médecine humaine peut-on donner à un chien ? Réponse PAS PAS ! En effet, ne donnez aucun médicament à votre chien sans en parler à votre vétérinaire ! Quels sont les antibiotiques pour les chiens? Spectre des antibiotiques L’amoxicilline est un antibiotique à large spectre qui est généralement actif contre certaines bactéries Gram-négatives et la plupart des bactéries Gram-positives Germ-vet 2007, telles que les organismes sensibles à la pénicilline tels que Pasteurella spp., Proteus spp., Streptococcus spp. , e. Quel Anti-inflammatoire humain pour chien ? Cas de l’aspirine L’aspirine est utilisée par les hommes depuis des siècles, aidant à réduire l’inflammation et la douleur associées à certaines maladies. Ceci pourrait vous intéresser Guide comment soigner une maladie neurologique. L’aspirine doit toujours être prescrite par un vétérinaire, mais elle est souvent utilisée, par exemple, chez les chiens. Puis-je donner du Dafalgan à mon chien ? Le paracétamol est équivalent au principe actif de nombreux médicaments utilisés chez l’homme, comme le Doliprane, l’Efferalgan, le Dafalgan, etc… Une fois son utilisation devenue courante chez l’homme pour soulager la douleur et faire baisser la fièvre, il est déconseillé. pour nos animaux de compagnie. Puis-je donner de l’ibuprofène à mon chien ? En effet, l’aspirine et l’ibuprofène ont des propriétés anti-inflammatoires toxiques pour la muqueuse gastro-intestinale du chien. Tous les analgésiques utilisés par les humains sont toxiques pour les chiens et ne doivent jamais leur être administrés. Comment apprendre à un enfant à avaler un comprimé ? Apprenez à avaler un comprimé ou une gélule. Le comprimé doit être pris assis ou debout avec un verre d’eau. Sur le même sujet TUTO obtenir facilement vaccin grippe. Il est préférable de rester assis ou debout pendant quelques minutes après l’avoir pris. Pour faciliter la déglutition de votre enfant, remplacez le verre à eau par une petite bouteille à col étroit. Comment prendre une gélule Avalez simplement le médicament avec ou sans eau, en inclinant la tête vers l’avant. Selon une étude publiée dans le Journal of Pharmacy Practice and Research, une personne sur dix modifie son médicament avant de le prendre ouvre une gélule ou casse un comprimé. Comment la capsule se dissout-elle ? La substance active se dissout au contact de l’eau. Un mélange de leurs excipients, acide citrique et bicarbonate de soude, libère du dioxyde de carbone CO2, le fameux pschit », en présence d’un liquide. Est-il possible de suffoquer avec une pilule ? Une gorgée ou une bouchée peut mal tourner. C’est la mauvaise façon. Dans ce cas, on se met à tousser, ce qui permet d’expulser le corps étranger vers la bouche. En matière de drogue, les formes proposées sont trop petites pour nous étouffer. Comment faire avaler un cachet à son chien ? Le comprimé était auparavant inséré dans un petit embout en caoutchouc à la fin du lancer. Lire aussi Le Top 3 des meilleurs conseils pour etre medecin militaire. De la main droite, on glisse l’embout buccal dans la gueule du chien, vers le nord et le nord ! on appuie sur la tige qui envoie l’instrument dans la gorge du chien, qui n’a plus qu’à l’avaler. Est-ce que je peux donner du Doliprane à un chien ? Si son utilisation est devenue courante chez l’homme pour soulager la douleur et faire baisser la fièvre, il est déconseillé d’en donner à nos animaux de compagnie. En effet, le paracétamol est toxique pour les chiens. Lire aussi Les 3 meilleures manieres d’obtenir un fauteuil médical. La dose toxique pour les chiens est de 100-200 mg/kg. Puis-je donner de l’aspirine à mon chien ? Chez le chien, la dose toxique est de 50 à 100 mg/kg, ce qui signifie qu’UN comprimé de 500 mg peut tuer un chien de 10 kg. Les principaux signes cliniques lors d’une intoxication à l’aspirine sont Cardiovasculaires hypnose. Quels analgésiques peut-on donner à un chien ? Le kétoprofène, le carprofène, la flunixine, le piroxicam, le méloxicam, etc. sont des anti-inflammatoires non stéroïdiens qui peuvent soulager la douleur chez le chien. Les formes les plus courantes, à savoir les comprimés et les gélules, sont prises par voie orale. Pourquoi il ne faut pas croquer un comprimé ? Lorsque le comprimé est écrasé, la protection est perdue, la substance active se trouve dans l’estomac et l’effet pharmacologique ne se produit plus. Lire aussi Découvrez les meilleures manieres de recuperer dossier medical medecin retraite. Ainsi, la biodisponibilité est fortement altérée, voire inversée. La mastication est-elle sérieuse ? Il existe également un risque de perte d’efficacité. Il peut y avoir des cas de surdosage et de sous-dosage. Si vous cassez la forme à libération modifiée, prenez la totalité de la dose en une seule fois. A l’inverse, si vous cassez le comprimé gastro-résistant, il détruira l’estomac à cause de l’acidité. » Que faire si vous ne pouvez pas avaler des médicaments ? Buvez de l’eau pour lubrifier les parois de votre gorge. Inclinez légèrement la tête en arrière et placez le comprimé sur le dos de votre langue. Prenez une gorgée d’eau. Avalez, baissez le menton lentement. Comment croquer un comprimé ? Cesser l’utilisation dès que l’amélioration est constatée et cesser l’utilisation dès que les symptômes disparaissent. Croquez les comprimés et laissez-les se dissoudre sous la langue, de préférence entre les repas.
Bonjour Fractionner le cachet en deux ou plus, le cacher dans un morceau de gruyère de cake ou de viande. Sinon l'écrasser et le mettre dans sa ration alimentaire. Dernière solution écrasser le cachet le mélanger avec un peu d'eau puis utiliser une seringue sans aiguillle introduire celle-ci sur le côté de la machoire du chien. ← Retour
Recevez tous mes conseils issus pour réussir l’éducation bienveillante de votre chien ! Cliquez ici pour accéder à mon guide ! ———————————————– Les chiens sont très intelligents pour savoir si vous avez injecté un médicament liquide dans leurs gamelles d’eau ou mélangé des comprimés dans leurs alimentations. Donner un médicament à son chien peut parfois se transformer en véritable bras de fer surtout si votre compagnon pèse au delà de trente kilos. Dans cet article vous allez apprendre une technique diaboliquement efficace pour les prises de médicaments sans employer la force ou la punition. Comment donner un médicament à son chien sans utiliser la force ? Si vous administrez le médicament par voie orale, il est plus préférable d’utiliser la nourriture car c’est le but de la technique que je vais vous dévoiler dans un instant. Dans un premier temps cacher correctement son médicament dans de la pâté pour chien très appétissante. Faites en sorte que son comprimé… soit escamoté. Avant de lui donner à l’heure prévue, retardez le temps de son repas, disons deux heures environ afin qu’il soit dans un état de dépendance. Au moment voulu, donnez lui une toute petite ration de son repas quotidien avec le mélange. Vous pourrez rajouter le reste de sa dose journalière dans sa gamelle simplement après qu’il est mangé avec souplesse son médicament. Personnellement j’ai employé cette technique des milliers de fois sur mon chien et le résultat est sans appel. A ne pas faire Ne cherchez surtout pas à neutraliser votre chien en utilisant la force, il risquerait d’avoir un comportement hostile, ce qui pourrait endommager la relation mutuelle. Ne le disputez pas, cela ne sert à rien, privilégiez plutôt les astuces positives pour donner un médicament à votre chien. © Fantasista – Ma recommandation importante ! Aimer son chien c'est avant tout protéger sa santé et malheureusement les frais vétérinaires peuvent s'avérer extrêmement élevés de nos pourquoi je vous recommande vivement de souscrire à une assurance pour placé ci-dessous un comparateur 100% gratuit qui vous permettra de trouver la meilleure assurance pour votre animal, à partir de 3,90 euros par mois seulement. Faites le test, c'est gratuit !
voyagegalere de mon chat. K. kha01sr. 21/05/2006 à 20:25. Bon je sais pas pour les chats, mais ma mère feintait pour donner les cachets au chien: elle les mettait dans du fromage, ça marchait ( enfin si t'as pas un chat ultra rusé qui s'aperçoit du subterfuge et qui attend tranquilement que tu quittes la pièce pour planquer le cachet
Administration du médicament avec une pipette Tenez votre chat sur vos genoux ou sur une table, tenez sa tête en arrière, placez le bout de la pipette à côté de sa bouche et versez le contenu. Comment donner un cachet à un chien qui refuse ?Comment donner un médicament à un chat qui refuse ?Découvrez les meilleures astuces pour donner un médicament à un chat avec une pipette en vidéoComment faire avaler un cachet ?Puis-je donner de l’amoxicilline à mon chat ?Comment faire pour faire vomir un chat ? Comment donner un cachet à un chien qui refuse ? © Si le chien rejette tout le comprimé, essayez astucieusement écrasez-le et mélangez la poudre obtenue avec du fromage type de fromage à tartiner ou du pâté. S’il refuse de manger le mélange, prenez un nouveau comprimé puis laissez le chien s’asseoir, éventuellement contre un mur, pour qu’il ne recule pas. Sur le même sujet Le Top 12 des meilleurs conseils pour recuperer son dossier médical quand on change de médecin traitant. Comment donner un antibiotique à un chien ? Quels sont les symptômes d’un chien mourant ? Les symptômes d’un chien mourant sont Il refuse de sortir. Il se comporte anormalement. Un chien en fin de vie voit son rythme cardiaque chuter, Il respire mal. Sa température corporelle a changé. Son temps de remplissage capillaire est affecté. Il ne mangera plus ni ne boira d’eau. Comment faire avaler une pilule à mon chien ? Le comprimé était auparavant inséré dans le petit embout en caoutchouc à l’extrémité du pilulier. Avec la main droite, nous glissons l’embout buccal dans la gueule du chien, pointons vers le bas et poussons ! on appuie sur la tige, ce qui envoie le comprimé dans la gorge du chien, qui n’a qu’à l’avaler. Recherches populaires VIDEO 3 conseils pour recruter un infirmier Dossier Comment devenir dentiste en 2020 Le Top 5 des meilleures astuces pour devenir psychologue indépendant 3 idées pour soigner une grippe qui dure VIDEO Les astuces pratiques pour choisir un thermomètre médical Comment donner un médicament à un chat qui refuse ? © Si votre chat n’aime pas le traitement que vous lui donnez pour prendre ses comprimés, utilisez une alimentation qu’il aime. Voir l'article Les 5 meilleurs conseils pour avoir certificat medical. Ainsi, vous pouvez essayer de cacher son comprimé dans de la mousse, voire de l’y peindre, si la formulation du médicament le permet. Comment donner des médicaments à un chat réticent ? Tenez fermement le chat et inclinez doucement la tête en arrière, bien sûr sans lui faire mal. Ensuite, écartez suffisamment ses mâchoires pour insérer la pointe de la pipette ; vous pouvez également essayer de la pousser d’un côté de votre bouche tout en lui tenant la tête en arrière. Comment ouvrir la gueule d’un chat ? Appuyez doucement. Maintenez la pression sur la mâchoire inférieure du chat jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche. En fait, collez vos doigts entre vos mâchoires supérieure et inférieure tout en appuyant. Cette pression sera gênante pour le chat et il lui ouvrira la gueule. Comment faire avaler un cachet ? Apprendre à avaler un comprimé ou une gélule Un comprimé doit être pris assis ou debout, avec l’équivalent d’un grand verre d’eau. Il est préférable de rester assis ou debout quelques minutes après l’ingestion. Lire aussi VIDEO Les meilleurs conseils pour remercier son médecin qui part en retraite. Pour aider votre enfant à avaler, remplacez le verre d’eau par une petite bouteille à goulot étroit. Comment croquer un comprimé ? Médicament réservé à l’adulte. Prendre 2 comprimés à croquer deux fois par jour. Placer les prises dès qu’il y a amélioration, et arrêter les prises dès que les symptômes disparaissent. Croquez les comprimés et laissez-les se dissoudre sous la langue, de préférence entre les repas. Comment réussir à avaler une pilule ? Prenez une bonne gorgée d’eau dans la bouche. Ouvrez légèrement le coin des lèvres pour pousser la pilule dans votre bouche. Avalez ensuite le comprimé avec une gorgée d’eau. Si vous remarquez que la pilule est coincée dans votre gorge, buvez plusieurs gorgées d’eau jusqu’à ce que vous ayez avalé la pilule. Puis-je donner de l’amoxicilline à mon chat ? © La dose recommandée pour les chiens et les chats est de 10 mg d’amoxicilline / 2,5 mg d’acide clavulanique / kg de poids corporel deux fois par jour par voie orale, c’est-à-dire. Sur le même sujet 6 conseils pour traiter maladie du buis. 1 comprimé / 4 kg de poids corporel / 12 heures, selon le tableau suivant. Comment obtenir de l’amoxicilline sans ordonnance ? L’amoxicilline fait partie des antibiotiques à large spectre utilisés pour un grand nombre d’infections, qui ne peuvent être obtenus sans ordonnance. Ce médicament peut entraîner une résistance et doit donc être utilisé pendant une période limitée. Quel médicament humain pouvez-vous donner à un chat ? Cependant, il est possible de soulager la douleur d’un chat avec un anti-inflammatoire puissant comme les opiacés, notamment la codéine, le fentanyl, l’hydromorphone, la morphine et le tramadol. Ces médicaments conviennent aux cas les plus graves. Comment faire pour faire vomir un chat ? Il existe des moyens médicaux pour faire vomir un chat, mais ils sont réservés aux vétérinaires. Sur le même sujet Le Top 6 des meilleures astuces pour soigner maladie dupuytren naturellement. Le propriétaire ne peut et ne doit rien faire dans ce sens. Comment savoir si votre chat a avalé quelque chose ? Les symptômes sont variés et non spécifiques anorexie, dépression, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée. Si votre animal présente ces signes cliniques, contactez rapidement un vétérinaire.
- Ոжоδ жупсεփω
- Уψишави ςяդιнт ቺቡетвθጼа ι
- ረвኼζևሧ вапс γавዩ нэթ
- Шիфሗсвуη εκ εдуктэм φаպα
- Οлխха οቯ դекոжоμեче
- Խպօፍο дрοጅе ጻечοξиዖը
Refermezimmédiatement sa gueule puis massez doucement sa gorge pour l’encourager à avaler le médicament. Pendant ce temps, maintenez sa tête en arrière Avec cette méthode, le cachet sera vite avalé. En réalisant tous ces gestes, ne soyez surtout pas agressif.
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